le Ravi crèche à Manosque & Forcalquier

juillet 2010
D'ici 2014, une agglo pourrait s'étendre de Manosque à Forcalquier, regroupant près de la moitié de la population des Alpes-de-Haute-Provence. Entre la ville centre, sage et laborieuse, et la sous-préfecture, désargentée et tumultueuse, un destin commun reste à inventer...

A priori, entre Manosque et Forcalquier, y a pas photo ! Dans la plaine de la Durance, Manosque est la ville la plus peuplée des Alpes-de-Haute-Provence, près de 22 000 habitants, le poumon économique du département. Elle semble loin l’époque, au début du 20ème siècle, où elle n’était qu’un gros bourg. La fée atomique avec le Centre d’études nucléaires de Cadarache, inauguré en 1963, a fait des miracles. La population a quadruplé en quarante ans. Bernard Jeanmet, le maire UMP, aime le BTP, les zones d’activités et commerciales.

« La mairie laisse se construire à l’une des sorties de la ville, face au Leclerc, un petit Plan de Campagne qui portera le nom de Happy Days », déplore Michel Jacod, secrétaire de GAM 21 (Groupe action Manosque). Reproche auquel Bernard Jeanmet, qui en oublie ses euros, répond sans sourciller : « Si les grandes surfaces n’étaient pas là, on payerait 1000 balles le paquet de sel… » Le maire se pose en bâtisseur. Son opposition le décrit en bétonneur. Alors il joue volontiers, pour corriger son image, la carte écolo et sociale : en faisant rouler, depuis janvier, les bus gratuitement par exemple…

A une vingtaine de kilomètres de là, Forcalquier et sa vallée ne semblent pas concourir dans la même catégorie. Moins de 5000 habitants, tout juste 8000 avec sa communauté de communes qui s’étend sur les hauteurs de la montagne de Lure. Les lundis matin pourtant, à l’heure où le coeur de ville de Manosque ressemble à un désert, le marché de Forcalquier, l’un des plus grands de France, envahit les rues de la petite sous-préfecture. Pauvre en devises, la ville et son pays ne manquent pas de ressources. Investi depuis les années 70 par des « néo-ruraux », des « babas » et aujourd’hui quelques « bobos », elle fourmille d’idées et d’initiatives.

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« Forcalquier a une belle image artistique dont on parle dans le Luberon, se réjouit Christophe Castaner, le maire PS. Mais on y trouve aussi quatre fois plus de mères isolées inscrites aux minima sociaux que dans le reste du département et deux fois plus de personnes âgées de plus de 75 ans que la moyenne nationale. » Lorsque l’on sait que le Manosquin type est, selon l’Insee, une femme de 65 ans, l’on devine qu’il n’est pas forcément très simple d’être jeune chez les Bas-Alpins…

Dans une poignée d’années, Manosque et Forcalquier pourraient se retrouver dans la même agglomération. Les deux villes partagent déjà des problématiques. Le foncier, moins cher que dans le pays d’Aix, attire des retraités du nord de la France mais aussi de jeunes couples qui ne peuvent pas se loger plus au sud. L’agglomération aixoise, qui refuse d’être annexée par Marseille, regarde avec gourmandise du côté de la Haute-Provence. Le débarquement des Itériens apportera aussi son lot de changements, craints ou espérés. La mode du photovoltaïque grignote un peu plus les terres agricoles…

Le Val de Durance et ses vallées doivent encore s’inventer un destin singulier et commun…

M.G.

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