Entre résignation et détermination

octobre 2010

Qui dit mieux ? Plus de 2,5 millions de manifestants le 7 septembre, près de 3 millions le 23 ainsi que le 2 octobre, 3,5 millions le 12, à nouveau 3 millions le 16, et encore 3,5 millions le 19. Même en retenant les chiffres de la police – en gros, selon elle, un million à chaque fois – force est de constater que les records historiques de mobilisation ont été franchis. Le 28 octobre, y compris après le vote de la loi par le Parlement, 2 millions de personne ont encore défilé. La manif du 6 novembre confirmera-t-elle la tendance ? La mobilisation est à la baisse mais se maintient à un niveau toujours très élevé. Peu importe, pense le gouvernement, puisque 60 millions de Français ne sont pas descendus dans la rue ! Nicolas Sarkozy a voulu maintenir, coûte que coûte, le cap de sa réforme des retraites. Avec le Sénat, il n’a concédé que de minuscules aménagements à la marge.

Drôle de climat. Dans les cortèges, règne un étrange mélange de résignation et de détermination. Tout le monde sait, depuis le départ, que quelques manifs, aussi massives soient-elles, ne changeront pas la donne. Que fallait-il faire ? Une grève générale reconductible ? Tous ceux qui l’ont réclamé, à l’image de Force ouvrière, syndicat aussi jusqu’au-boutiste dans le discours que timoré sur le terrain, n’étaient pas déterminés à s’engager dans pareil bras de fer. Alors à quoi bon ? Pleins de choses ! Prendre date, influer l’opinion, patienter jusqu’à une éventuelle alternance politique, passer ses nerfs, faire du sport, honorer un rituel, rencontrer de nouveaux amis, ne pas baisser les bras…

Ou bien vendre un « satirique » à la criée ! À Marseille, Toulon, Avignon, et aussi à Paris, nous avons levé nos bras très haut pour diffuser ce mensuel. Par goût et par nécessité. Car le Ravi reste un pari. Celui, improbable, d’un journal papier, régional et mensuel à l’heure du direct, du virtuel, de l’instantané. Celui de préférer l’info à la communication, la satire à la prudence. le Ravi a un besoin vital de ses lecteurs. Pour financer son indépendance, une solution : l’abonnement. Pour le reste, soyez-en sûr : nulle résignation, nous sommes déterminés !

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