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juin 2011

C’est à n’y rien comprendre ! La chute des dictatures arabes semble anxiogène sur la rive occidentale de la Méditerranée. Prenons l’exemple tunisien. C’est là que tout a commencé, que la rue a fait déguerpir le vieil autocrate. Même si la transition démocratique comporte des risques, tout un pays se mobilise en préparant, en juillet, l’élection d’une nouvelle assemblée constituante. Bien sûr, acculés par la pauvreté, certains préfèrent jouer la carte de l’exil sans attendre. Mais qui peut croire sérieusement que les quelques milliers de réfugiés débarqués à Lampedusa menacent réellement les 500 millions d’habitants de l’Union européenne ?

Les Tunisiens, majoritairement francophones, devraient être fêtés, encouragés, remerciés d’ouvrir l’éventail des possibles. Au lieu de cela, ceux qui arrivent jusque chez nous sont pourchassés. En avril, le gouvernement a annulé plus d’une vingtaine de trains régionaux en Provence-Alpes-Côte d’Azur pour bloquer l’arrivée de migrants pourtant dotés de papiers. Des CRS, munis de chiens d’attaque, ont raflé des hommes et des femmes regroupés à Marseille, porte d’Aix. Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi, main dans la main, réclament la fermeture des frontières.

Face à la réponse policière, quelques-uns sauvent l’honneur. En Paca, « Welcome Menton-Vintimille » a organisé un « train de la dignité » pour associer migrants, Italiens et Français. À Marseille, des habitants ont spontanément apporté leur aide dans la rue aux réfugiés. Le collectif « D’ailleurs nous sommes d’ici » appelle à une journée nationale de mobilisation samedi 28 mai. Et puis d’autres se montrent opportunistes. Un étrange communiqué saluant « le magnifique vent d’espoir qui a soufflé en Tunisie » inonde les rédactions. Ses auteurs ? Les organisateurs du rallye « OilLibya » de Tunisie qui annoncent une 30e édition « révolutionnaire ». Aucun doute : tout roule !