D’abord le sénat ?

septembre 2011
Et si l’incroyable se produisait ? Et si le Sénat, temple du conservatisme toujours resté à droite sous la 5ème République, changeait de majorité ? Ce scénario fiction pourrait bien se réaliser le 25 septembre...

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Ce jour-là, la moitié des sièges vont être renouvelés et cinq nouveaux vont être désignés par les grands électeurs, pour l’essentiel des délégués issus des conseils municipaux. Les sénateurs de la région Paca ne font pas partie de ceux dont le fauteuil est renouvelable. Mais tous retiennent leur souffle avant ce scrutin qui pourrait faire grand bruit avant les présidentielles.

« Nous avons bon espoir de gagner, se réjouit Samia Ghali, sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône. Le projet des réformes des collectivités territoriales est passé par là. Il y a un vrai mécontentement dans de nombreuses communes, y compris rurales où les maires sont souvent non inscrits. » De plus, lors des dernières municipales, beaucoup de villes ont basculé à gauche et avec elles leurs « grands électeurs ». « C’est vrai que c’est chez nous qu’il peut y avoir le plus de casse, reconnaît Bruno Gilles, sénateur UMP du « 13 ». Même si le scrutin est ouvert, je crois toutefois que l’avantage reste à la majorité présidentielle. Nous sommes relativement confiants pour la présidence du Sénat. Mais il nous faut au moins 7 sièges d’avance pour rester majoritaires dans les commissions qui élaborent les textes de lois. »

Bruno Gilles ne nie pas « l’impact psychologique » que pourrait avoir une défaite de l’UMP. « Une bascule à gauche serait un désaveu pour Nicolas Sarkozy et rendrait la fin de son mandat plus difficile, souligne Isabelle Pasquet, sénatrice PCF du « 13 ». L’UMP veut encore passer des projets importants comme l’adoption par le congrès de « la règle d’or » ou la réforme fiscale. Bien sûr, l’Assemblée nationale a le dernier mot dans le cadre des navettes, mais sans une majorité au Sénat, le gouvernement devrait faire passer ses textes en force avec une procédure d’urgence. »

Nouveau président du groupe des sénateurs UMP, Jean-Claude Gaudin s’active pour mobiliser ses troupes et celles du centre. « Il retrouve des sénateurs dont il a souvent lancé la carrière, 30 ans plus tôt, en leur accordant une investiture. Cela donne des arguments », souligne Bruno Gilles. « Sénat de gauche » ne serait plus un oxymore ? « Le Sénat s’est rajeuni, féminisé, dément Isabelle Pasquet. Les débats y sont souvent plus poussés, plus pointés, qu’à l’Assemblée. » A quand un président Front de gauche au Luxembourg ?

Michel  Gairaud

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