Un flic victime de Sarkozy ?

décembre 2011
Un policier de la Bac (Brigade anti-criminalité) passe l’arme à gauche juste après le passage médiatique du chef de l’Etat à Marseille : de quoi nourrir la rumeur. Décryptage.

Au lendemain de la visite jeudi 8 novembre de Nicolas Sarkozy au chevet du policier de la Bac (Brigade anti-criminalité) d’Aix-en-Provence, une rumeur a enflé : grièvement blessé suite à une fusillade à Vitrolles le 28 novembre, aurait-il été maintenu artificiellement en vie pour permettre au chef de l’Etat d’annoncer quasi en direct sa mort ? Pour Alphonse Giovannini, délégué du syndicat Unité Police à Marseille : « C’est une rumeur et elle est abjecte. Si cela était avéré, ce serait ignoble. Mais, d’après mes informations, le policier est bien décédé peu de temps après la visite du chef de l’Etat ». Reste que, du côté du personnel hospitalier, on nous affirme, sous couvert de l’anonymat, que « pour le dire élégamment, le policier aurait attendu la venue de Nicolas Sarkozy pour mourir ».

Est-ce à dire qu’il aurait été maintenu artificiellement en vie pour que le chef de l’Etat lui donne l’extrême onction ? Le professeur Martin, chef de la réa’ à l’Hôpital Nord, infirme : « La veille au soir, le patient était en fin de vie. Conformément à la loi Léonetti sur la fin de vie, on ne l’a donc pas maintenu sous respiration artificielle et on a arrêté tout traitement. On lui a simplement administré des calmants. Nicolas Sarkozy est arrivé le lendemain vers 10 h 15. A cette heure-là, le cœur du patient battait encore. Le chef de l’Etat n’est resté que quelques minutes auprès de lui puis a passé l’essentiel du temps avec le personnel hospitalier. Il n’est donc resté qu’un quart d’heure. Et, moins d’une heure après le départ du président de la République, le patient est mort. Techniquement, le chef de l’Etat a donc bien assisté aux derniers instants de sa vie ». Reste qu’on ne pourra que s’interroger sur l’opportunité pour l’ex-« premier flic de France » à rendre visite à un policier qui, dixit un soignant , « était sous assistance respiratoire et n’a jamais repris connaissance ». En période électorale, on appelle ça de l’opportunisme.

Sébastien Boistel