Droite-extrême droite : je t’aime moi non plus

avril 2012
24 % pour Marine Le Pen en Paca (6 % de plus que la moyenne nationale du FN). Bienvenue à Facho-land ! Dans le Vaucluse, l'extrême droite atteint 27 %. A Orange, elle est déjà au pouvoir depuis 17 ans. L’UMP a jusqu'ici toujours évité de s’allier avec Jacques Bompard. Mais les relations entre une droite décomplexée et son extrême, à cheval sur le même électorat, sont faites d’intérêts communs, de rapprochements idéologiques… Et l'envie de franchir les frontières se précise avec la vague FN à la présidentielle. Revue de détail.

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Adversaires ? Concurrents ? Ennemis intimes ? Difficile de qualifier les rapports entre la galaxie Bompard et l’UMP locale, représentée depuis presque 20 ans par Thierry Mariani. « S’il y en a un qui a combattu Bompard à chaque élection, c’est bien Thierry, commente Jean-Michel Ferrand, patron de l’UMP vauclusien. Il l’a battu à chaque élection législative. » D’autres, à gauche, diront que le ministre des transports a longtemps fait le jeu de Jacques Bompard pour ne pas voir émerger un autre leader de droite dans sa circonscription. Par exemple quand il a encouragé une liste dissidente à celle du RPR lors des municipales orangeoises de 1995, et qui a grandement facilité l’élection du maire d’extrême droite. « Certes, il a pu y avoir des erreurs politiques dans notre camp, reconnaît David Alessi, opposant UMP à Bollène. Mais il ne me semble pas que ce fut des calculs délibérés de la part de Mariani ou de qui que ce soit d’autre… Les investitures sont entérinées en comité départemental. » Un comité où Thierry Mariani reste très influent…

« Des évidences qu’il ne faut pas laisser à l’extrême droite. »

À deux mois des législatives, l’histoire semble se répéter. Thierry Mariani a choisi de ne pas se représenter dans cette 4e circonscription du Vaucluse, préférant aller se faire élire par les Français de l’étranger. C’est son assistante parlementaire, Bénédicte Martin, qui a reçu l’investiture. En face, Paul Durieu, suppléant de Mariani qui goûte au confort des sièges du palais Bourbon de fait depuis 2010, a présenté une candidature dissidente. « Jacques Bompard et sa femme représentent les deux plus grosses villes de la circonscription, 50 % de l’électorat. L’UMP choisit une conseillère municipale d’une ville de 5 000 habitants, Jonquières, très mal implantée. En plus de ça, une candidature dissidente s’organise. Bompard a un boulevard devant lui ! », s’attriste Jean Gatel, opposant PS à Orange et ancien député. Paul Durieu ne voit pas les choses de la même façon : « Favoriser l’un ou l’autre, je ne réfléchis pas comme ça. On parle de Bompard mais Pierre Meffre et les socialistes peuvent aussi l’emporter. Je me présente car j’ai une autre conception de la politique que madame Martin. Je n’aurai pas de soutien officiel mais un soutien local, le plus important. »

Au-delà des petites stratégies politiques, la perméabilité de l’électorat de la droite traditionnelle vers les époux Bompard pose la question de l’attitude idéologique adoptée par les élus UMP. « La situation politique du Nord Vaucluse est l’exemple même des conséquences de la dérive droitière engagée par Nicolas Sarkozy, déplore Fabienne Haloui, candidate du Front de gauche dans le Vaucluse. Il n’y a pas de front républicain quand on véhicule les idées de ceux qu’on dit pourfendre. Regardez Mariani : ses seuls faits d’armes en tant que député sont les tests ADN pour durcir le regroupement familial, l’autorisation de statistiques ethniques et raciales et, plus récemment, sa pétition pour interdire le droit de vote aux étrangers. » Jean-Michel Ferrand, membre de la droite populaire, estime simplement « faire preuve de bon sens. S’il pleut, il pleut. Il y a des évidences qu’il ne faut pas laisser au Front national ou à l’extrême droite ». Et s’il cause volontiers avec Jacques Bompard ou Patrick Bassot – conseiller général FN récemment condamné pour propos racistes – avant une séance plénière du conseil général comme l’observait le Ravi dans son numéro de janvier, c’est qu’il n’est pas sectaire : « Je discute avec tout le monde. Écolos, socialistes, communistes… Je suis sûrement le seul à ne pas taper sur les autres dans cette assemblée. » Pas d’exception républicaine donc. Avant les cantonales de 2011, le sénateur UMP Alain Duffaut ne s’était pas gêné pour faire un appel du pied à Jacques Bompard, afin de renverser la présidence du conseil général. Tout en évitant bien sûr un accord avec la Ligue du Sud, parti du maire d’Orange. Dernier exemple en date, le soutien du maire de Piolenc, Louis Driey, à la candidature Bompard pour les législatives. En cas d’élection à la députation de ce dernier en juin prochain, il serait probablement poussé à quitter son mandat de conseiller général. Ce qui pourrait offrir un siège départemental de plus à l’UMP. « Mais son élection n’est pas une issue que nous envisageons », répond Jean-Michel Ferrand. Réponse le 18 juin.

Clément Chassot

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