À LCM, un VRP très VIP

mai 2012
Nouveaux patrons, nouvelle grille et vieilles pratiques : à LCM, la chaîne marseillaise, travaille un certain… François Bernardini.

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Le 5 avril, au Cercle des nageurs marseillais, LCM a présenté ses nouvelles grilles. Fin 2011, la chaîne marseillaise a été rachetée par Médias du sud, un groupe qui possède les télés de Nîmes et de Montpellier et ambitionne, en s’implantant à Perpignan, Toulon et Nice, de créer un « arc méditerranéen ». À la tête du groupe ? Un transfuge d’Hersant, Christophe Musset. Son ambition ? « Faire de LCM une chaîne de proximité qui fera la promotion des territoires. »

Adieu le « tout info » des fondateurs. Aujourd’hui, malgré la cure d’austérité instaurée par les anciens propriétaires et nombre de départs, la chaîne perd 500 000 euros par ans. Or, une télé, c’est comme « une usine de petits pois, ça doit être rentable », aurait tonné la nouvelle direction. D’où une gestion au cordeau des pigistes, le non-remplacement des départs, le recours aux stagiaires, la sous-traitance pour le sport, la mutualisation des programmes… Et un nouveau plateau, hésitant entre BFM TV et « Star Trek ».

Romain Fiorucci, chef d’édition et représentant SNJ, fait la part des choses : « D’emblée, la direction a joué la transparence. Et, si leur credo, c’est de ne pas perdre de l’argent, quand on leur explique que, pour une émission par exemple, on a besoin d’un pigiste, ils l’entendent. Le plus rassurant, c’est qu’ils veulent développer l’info, notamment avec de nouvelles tranches… »

Toutefois, il y a comme un malaise. Dans cette chaîne aux relations parfois houleuses avec les élus (comme, par exemple, Gaudin), travaille un certain François Bernardini. Le maire d’Istres (13), ancien patron du PS et du conseil général des Bouches-du-Rhône, traînant quelques casseroles, est « responsable des relations extérieures du groupe, notamment avec les collectivités, nous explique Christophe Musset. On travaillait déjà ensemble chez Hersant. Il est donc tout naturel d’avoir poursuivi notre collaboration. »

Mélange des genres ? « Il n’y en a pas, assure Musset. Sinon, que dire de Jean-Michel Baylet, le patron de La Dépêche ? » D’ailleurs, quand Bernardini a envisagé de seconder René Raimondi, le maire PS de Fos-sur-Mer, aux législatives ([lire ici notre article->http://www.leravi.org/spip.php?article1266]), « je l’ai appris par mes journalistes », sourit le patron du groupe. Et d’ajouter, goguenard : « On sait que les télés "Monsieur le maire", ça ne marche pas. » Reste qu’en interne, s’il n’y a eu, nous dit-on, ni consigne ni censure, certains partenariats posent question. Comme avec le SAN Ouest Provence (dont Bernardini est vice-président) ou Kaufman & Broad qui a un projet immobilier sur Istres.

« Avec Kaufman, on travaille depuis longtemps, rétorque Musset. Quant au SAN, c’est moi qui l’ai géré. En outre, on a décidé, pour lever toute ambiguïté, de suspendre le partenariat qu’on avait avec la ville d’Istres. » Reste que, dans l’actionnariat, on trouve un certain Philippe Cambon : condamné aux côtés de l’ex-maire de Marignane, Daniel Simonpieri, cet entrepreneur est l’époux de l’adjointe à Istres en charge du tourisme et des jumelages. De fait, le patron de LCM sait qu’il peut compter sur la mansuétude du CSA pour qui l’avenir des télés locales, c’est « la combinaison de financements publicitaires et de ceux des collectivités locales ».

Sébastien Boistel

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