Le Palmarès 2014 des villes à fuir

janvier 2014
Pour la 4ème édition de son classement des villes à fuir en Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Ravi teste plus de communes. Tout ce qu’il faut savoir sur les 40 meilleures des pires…

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Notre palmarès 2014 des villes à fuir est en forte croissance. 40 villes y sont classées, contre moins de 30 l’an dernier, soit presque 38 % de hausse. Voilà des chiffres à faire rêver, car tout le monde sait que les palmarès font vendre du papier, et si le Ravi se livre à l’exercice, c’est bien évidemment un de nos objectifs. En préalable, et avant de recevoir une avalanche de protestation des sortants candidats à leur réélection, soulignons aussi que ce n’est pas notre faute si les élections municipales ont lieu dans deux mois. Notre rôle est de jouer modestement un rôle salvateur d’informateur impartial. Forcément impartial.

Car si le Ravi a passé son Noël à classer des villes plutôt que de surveiller les étables, c’est en espérant que ce palmarès continuera à rendre service à nos édiles locaux, toujours soucieux de baisser dans le classement. Rappelons aux rares sceptiques que ce classement est vrai. Les indicateurs retenus sont, comme chaque année, absolument et complètement objectifs, et recueillis auprès de sources officielles et incontestables (1). Une fois collectés, ils sont traités par un procédé statistique et transparent. Objectivité, officialité, statistique, transparence : que peut espérer de plus un palmarès ? A chacun, à présent, d’y puiser ce qu’il y voudra.

Les résultats ? le Ravi est heureux de décerner le 1er prix à commune souvent oubliée : Allauch, dans les Bouches-du-Rhône, et ses presque 20 000 habitants dont aucun étudiant, qui se partagent 25 caméras de surveillance et 3,1 % de logements HLM. La ville emporte le palmarès 2014, malgré une note décevante en « Egalité », grâce à son doublé de meilleure place en « Liberté » et en « Fraternité ». Est ainsi reconnu tout un « art de ville » – c’est le slogan de la commune – sans petits commerces ni skateparcs, défendu par un maire expérimenté (tout de même élu depuis 1975), sénateur socialiste opposé au mariage pour tous.

Allauch dépasse deux communes des Alpes-Maritimes, nouvelles venues mais qui savent déjà trouver leur place parmi les mieux notées, sans tapage, mais avec une belle régularité dans les quatre catégories. Juste après, la varoise Six-Fours-les-Plages s’en sort très honorablement, grâce notamment à un score remarquable en « Choucroute », où elle réalise un quasi sans faute. Cavaillon, enfin, qui avait brillé l’an dernier, sauve l’honneur du Vaucluse : sans se distinguer véritablement dans aucune catégorie, elle ne chute nulle part. C’est une des seules villes à être, pour chaque catégorie, dans la première moitié du palmarès. Il faut attendre Pertuis, et sa treizième place (ex aequo avec le duo Nice-Cannes) pour retrouver une ville du département qui reste un des plus inégalitaire de France, et le plus apte à élire des représentants du FN, un parti qui exclut.

Aix-en-Provence (13) aurait pu prétendre à mieux : première en « Egalité », une note désastreuse en « Choucroute » la fait plonger. C’est, avec Allauch et Gardanne (13), la ville la plus irrégulière, quand Marseille (13), Manosque (04) ou Orange (84) font preuve d’une relative homogénéité, dans le « ventre mou » de ce palmarès qui en surprendra plus d’un. Enfin, honte aux départements alpins, éternels cancres de notre classement : vote Front National chétif, peu, voire pas de caméras, services publics encore présents… Seule Arles (13) parvient à faire aussi mal.

Mais au fait, que signifie ce palmarès ? Faut-il fuir vraiment Vitrolles pour Draguignan, Fréjus pour Marignane ? Soyons sérieux : qui laisserait son avenir décidé par un exercice de statistique ? Qui choisirait un lycée pour son enfant, un hôpital pour une opération, en fonction d’un palmarès, si sérieux soit-il, sans avoir réfléchi aux variables et à la méthodologie retenue ? Quel responsable politique prendrait argument de sondages ? Quel gouvernement remplacerait des décisions politiques par un pilotage basé sur des indicateurs ?

Nicolas Meunier

(1) Signalons le très aimable email du Cabinet du maire de Toulon qui, justifiant son refus de nous communiquer certaines données (pourtant d’intérêt public), a affirmé « le podium était attendu », précisant fort poétiquement que rien ne sert de « courir devant un chien méchant en étant sûr de se faire mordre le mollet »

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