Edito

novembre 2005

LA BATAILLE DU RAIL

Restons dans un registre guerrier. Le mois dernier nous évoquions la « bataille navale » autour de l’avenir de la SNCM. On connaît l’issue du conflit : le repli ordonné des troupes de la CGT et la privatisation programmée de la compagnie maritime dans laquelle l’Etat gardera une part minoritaire ainsi que les salariés. La menace ultime d’un dépôt de bilan l’a finalement emporté sur la détermination des grévistes. Mais de mer sur terre, des ferries au tramway, la bataille s’est poursuivie sous une autre forme. Tout octobre, bus et métro ont été paralysés à Marseille par un mouvement social d’une rare ampleur au sein de la « RTM », la régie des transports de la ville. La communauté urbaine veut déléguer une partie de la gestion de la future ligne de Tramway à un opérateur privé. L’intersyndicale de la RTM redoute un début de privatisation. D’emblée les deux parties ont placé la barre très haut : faire plier l’autre camp sans concession. Jean-Claude Gaudin a refusé tout dialogue, pour finir par mettre en place des bus de substitution et par réclamer une procédure de réquisition auprès du Préfet. Qui a préféré, avec le gouvernement, nommer un médiateur… Il y a un autre lien entre la bataille de la « SNCM » et celle de la « RTM ». L’opérateur privé pressenti est le même : la Connex, filiale de Veolia-Générale des eaux. En novembre dernier (dossier dans le Ravi N°13), nous décrivions déjà le poids considérable que cette société a pris dans la gestion des services publics de l’eau, des déchets et des transports en Provence Alpes Côte d’Azur. Dans le Var, Estérel cars, Transvar, les Rapides Varois, dans les Alpes Maritimes, ST2N, Auto Nice Transport, Rapides Côte d’Azur, Brock, sont des filiales de la Connex. Le recours à des délégations de service public (DSP) a été conçu, au départ, pour favoriser la concurrence et prévenir la corruption en clarifiant les procédures d’attribution des marchés. A l’arrivée, un monopole privé remplace des monopoles publics. La position dominante d’acteurs comme la Connex, leur constitution en oligopole, interroge. A la SEMIACS, société d’économie mixte qui gère les transports urbains niçois, la Chambre régionale des comptes a décrit un montage qui laisse les risques et les emprunts à la charge de la Ville et les bénéfices à Veolia (Connex). A Marseille, même scénario. C’est un tramway flambant neuf et attrayant que l’on s’apprête à concéder au privé. Son trajet double en grande partie une ligne de métro, déficitaire, et qui le sera donc mécaniquement encore plus après l’inauguration du tramway. Déficit que la régie publique devra bien entendu assumer. Seule.

Le Ravi

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