Les intellectuels et les médias
« On a rêvé pendant longtemps d’une presse libre. Mais maintenant que le monde est censé l’avoir obtenue, ce à quoi on devrait rêver comme à une sorte de bonheur inespéré est plutôt, selon Kraus, un monde sans presse ou même simplement une journée sans journal (pour des raisons qui sont à peu près du même genre que celles qui ont pu inspirer, de nos jours, l’instauration d’une journée sans voitures ou d’une journée sans tabac). » (J. Bouveresse, « Schmock ou le triomphe du journalisme »)
Une des questions que pose le philosophe Jacques Bouveresse, professeur honoraire au Collège de France, en présentant la critique implacable de la « grande presse » menée au début du XXème siècle par le satiriste autrichien Karl Kraus peut s’énoncer ainsi : les raisons pour lesquelles on a voulu l’émergence d’une presse libre ne sont-elles pas également celles pour lesquelles on pourrait souhaiter voir la grande presse actuelle, sinon disparaître, du moins perdre une partie de son influence ?
Alors que la presse était censée constituer, vis-à-vis des forces politiques et économiques, un contre-pouvoir permettant l’expression de paroles habituellement dominées et d’outils de connaissance critiques, ne tend-elle pas aujourd’hui, avec les grands médias en général, à être le simple relais de ces forces ? Quand le système médiatique est en mesure de faire croire qu’il est bel et bien le seul véritable contre-pouvoir et que les intellectuels qui s’y expriment à longueur de journée sont les seuls qui méritent d’être entendus, comment espérer pouvoir s’opposer efficacement à lui, et contrebalancer la parole de ces derniers ?
C’est à ce genre de questions que Jacques Bouveresse s’efforcera de répondre lors de la conférence qu’il donnera le 24 novembre à 19 heures, à la Maison de la Région – 61, La Canebière 13001 Marseille.
Plus d’infos : http://agone.org/trouver?cherche=bouveresse&go=
En partenariat avec l’Université populaire et républicaine de Marseille http://upr-marseille.com/