Ces Toulonnais venus d’ailleurs

mai 2005

L’association « cultures et communications » anime le Café culture et édite Mesclun dont le dernier numéro est consacré aux étrangers à Toulon

Au c?ur du vieux Toulon, à deux pas de la place des trois dauphins, se trouve un lieu atypique : le café culture. Quiconque peut venir y siroter une boisson en feuilletant la presse, locale, nationale et régionale (vous avez vu juste, on y trouve le Ravi !). L’endroit accueille aussi des conférences-débats sur l’écologie, l’économie, la sociologie, l’histoire, des cafés-philo, des animations littéraires. « Notre objectif, lors de l’ouverture en 1999, était d’offrir un espace convivial, ouvert à tous les publics et inséré dans un quartier, pour lire, se rencontrer, débattre », explique Paul Doaré, président de l’association « cultures et communications » à l’origine du Café culture. Bien sûr, entre la théorie et la pratique, il y a toujours un écart. « Les gens au lieu d’essayer de se comprendre, s’attardent souvent sur ce qui les séparent, déplore Paul Doaré. Sur la Constitution, par exemple, mon rêve serait que les partisans du oui et ceux du non puissent vraiment dialoguer ensemble. » Un temps, la présence régulière de militants libertaires a conduit certains à étiqueter de « gauchiste » le Café. Autre épisode : des pensionnaires de l’hôpital psychiatrique ont investi à un moment le lieu, « effrayant » d’autres usagers. Bon gré, mal gré, 600 personnes ont adhéré à l’association depuis sa création. Et 150 d’entre eux continuent à s’y investir. Depuis deux ans, « Cultures et communications » édite une revue, Mesclun, pour « développer une recherche-action sur les itinéraires, la mémoire des toulonnais de diverses origines ». Après un numéro consacré au Marché, un autre à l’histoire de l’éducation au centre ville, le troisième vient de paraître. Il est consacré à l’immigration… Objectif : raconter la trajectoire de ces milliers de personnes, qui seules, en famille ou en masse, mues par toutes sortes de raisons, sont venues, de multiples horizons, vivre et travailler dans cet espace situé entre mer et Faron, et après un certain temps d’adaptation, acquérir la stabilité suffisante pour, avec d’autres, rester sur place et créer la Ville. Corses, rapatriés d’Algérie, Italiens, Maghrébins, Africains, Asiatiques, Européens de l’Est, immigrés internes ou de pays étrangers, chaque groupe porte avec lui, selon Mesclun, « une histoire, une mémoire que la ville doit reconnaître et faire partager pour que se crée un dynamisme permettant de penser et développer la vie de la Cité : la connaissance mutuelle, levant les hypothèques qui pèsent sur certains membres, pouvant favoriser et aider le vivre ensemble… ». Des objectifs non conformes à l’idéologie d’extrême droite qui prévalait il y a peu en mairie de Toulon. « On a été meurtri par l’épisode FN, reconnaît Paul Doaré. La mairie, avec laquelle nous ne voulions pas traiter, nous a coupé les subventions. L’immigration reste un sujet tabou à Toulon. Les discours sur les « dangers de l’islamisme » entretiennent la peur de l’étranger. » Pour dissiper les fantasmes, il y a toujours du pain sur la planche. Et matière à débattre autour d’un verre au Café culture…

Pour se procurer Mesclun (5 euros) : café culture – Tél. 04 94 62 44 52 – 2 rue Baudin B.P. 5161 83093 Toulon cedex – Courriel : contact@cafe-culture.org

M.G.

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