Le Ravi de plâtre

avril 2006
Bernard Squarcini

Préfet de la zone de défense Sud, préfet des Bouches-du-Rhône et préfet délégué pour la sécurité et la défense auprès du préfet de la région depuis février 2004, Bernard Squarcini pourrait être un haut fonctionnaire heureux, et même comblé. Trois fois préfet, ça n’est en effet pas banal ! Mais non, comme tout Corse il rêvait d’un destin plus glorieux. Son rôle de coordination des différents services de police dans l’arrestation d’Yvan Colonna lui avait d’ailleurs valu ses premiers lauriers. Charmé par tant d’efficacité et par un CV le présentant comme spécialiste des terrorismes basque, corse et islamique, Nico de la place Beauvau voulut, en 2004, en faire le remplaçant du légendaire Yves Bertrand à la direction des Renseignements généraux. Ce qui n’aurait été que justice, puisque Bernard Squarcini en était depuis dix ans l’adjoint. Malheureusement, il fut victime de la guérilla entre le ministre de l’Intérieur et le Président de la République.

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Pour un spécialiste du terrorisme, avouez que ce n’est pas très glorieux ! D’autant moins que le coup fut doublement rude : l’Elysée ne le conserva même pas à son ancien poste. Ce n’est pourtant pas cette infortune qui vaut à Bernard Squarcini d’être honoré ce mois-ci d’un Ravi de plâtre. Apparemment encore très attaché à son ancien corps, lors de la manifestation anti-CPE du 18 mars, ce sarkoziste a été le seul à Marseille à ne voir que 7000 manifestants dans le cortège qui défila de la Porte d’Aix à la mairie centrale. Les organisateurs en comptèrent, eux, 130.000. Un rapport de 1 à 20 qui étonna même La Provence ! Le 28 mars : la police compte 28 000 personnes là où les syndicats en annoncent 250 000 ! A la décharge du triple préfet, il semblerait que les chiffres ne soient pas sa tasse de thé. Ainsi, lors de l’auto-dynamitage du nationaliste corse à Aix-en-Provence fin janvier, il déclara : « Il s’agit d’une charge très faible […] Les dégâts sont insignifiants, puisque seul le rebord de la fenêtre a été endommagé. » Peut-être que les morceaux du jeune militant déchiqueté étaient, eux aussi, trop nombreux à compter. JFP

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