Edito

juin 2006
Pub

Ils sont vendus ! Lecteur publiphobe, ton pouls va connaître une accélération à la vision de la dernière page de ton mensuel favori : une énorme réclame en lieu et place des « brèves » qui closent à l’accoutumée le Ravi. Il y a de l’eau dans le gaz ! Ou plutôt, de la publicité dans un média dont l’une des raisons d’être est de défendre l’information face à la déferlante de la communication… Même les militants associatifs, en théorie farouchement hostiles à toute restriction de la liberté de la presse, réclament de plus en plus de maîtriser, de la première à la dernière virgule, tout ce qui s’écrit sur eux. Pour ne pas prendre le risque d’altérer leur « image », ils préfèrent souvent s’en tenir à leur « communiqué » ou réaliser leur propre feuille de chou plutôt que de se prêter au jeu d’une rencontre, à l’issue aléatoire, avec un journaliste… La pub est partout. Assurément, les grands professionnels du marketing, comme le souligne tous les mois Jacques Secouela, notre chroniqueur émérite, nous « prennent pour des cons ». Pourtant, nous faisons le choix d’accepter dans nos colonnes des annonces. En excluant toutefois la publicité à caractère institutionnel, celle vantant les mérites de nos dirigeants éclairés. Avec une règle simple : si Mac Donald veut acheter un espace dans le Ravi, pourquoi pas ! Mais nous ne nous interdirons pas, en retour, de publier un reportage sur les conditions de travail dans la restauration rapide ou des chroniques sur la malbouffe. Curieusement, les annonceurs prêts à jouer le jeu sont rarissimes. L’indépendance à un prix. Publier un journal, plus encore le faire connaître, a un coût. le Ravi, entreprise à but non lucratif, édité par une association dont les adhérents sont les seuls propriétaires, réalisé pour l’essentiel par des bénévoles, parie d’abord sur ses lecteurs pour assurer son développement. Il perçoit aussi, à une échelle infinitésimalement dérisoire au regard du soutien dont bénéficient les médias commerciaux et les quotidiens régionaux, des aides publiques à la presse et des subventions au titre de la vie associative. En mai, à Marseille, s’est tenue une rencontre des « médias indépendants » rassemblant télévisions participatives, radios libres, presse associative… Un appel a été rédigé. Il réclame une meilleure reconnaissance de ce « tiers secteur », aux marges des impératifs de rentabilité financière prédominant dans l’industrie médiatique. Des « états généraux des médias indépendants » auront lieu cet automne à Paris. Venons-en enfin au fait. Un abonnement de 18 euros par an, représente 1,5 euros par mois, soit 0, 375 centimes par semaine, soit 0,05 centimes par jour, soit 0,002 centimes par heure, soit 0,00003 centimes par minute, soit 0,0000005 par seconde… C’est vraiment pas cher payé pour promouvoir une presse locale et régionale différente, qui lave plus blanc que le blanc ! Fin de la séquence de bourrage de crâne publicitaire.

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