PPA 13 : « plan-plan » d’action ?

septembre 2004
Un plan de protection de l'atmosphère va bientôt fixer de nouvelles normes réglementaires dans les Bouches-du-Rhône. Sera-t-il suffisant face à l'ampleur du problème ?

Nom de code administratif : le PPA, Plan de protection de l’atmosphère, un dispositif obligatoire programmé par la loi sur l’air en 1996. La finalisation de celui des Bouches-du-Rhône, très symbolique car le département, « grâce » à Berre, est le plus pollué de la région, est annoncée pour ce mois de septembre. Mais ce devait déjà être le cas l’an passé ! Autour de la table sont réunis les pouvoirs publics, les industriels, des associations. Après enquête publique et validation par le Préfet, peut-être avant janvier, le PPA aura force de loi en imposant localement des règlements plus contraignants que les normes nationales. « Le PPA intègre des mesures pérennes, pour combattre la pollution chronique, et des mesures d’urgence » note Jean-Pierre Ulasien, chargé de la pollution de l’air à la Direction régionale de l’industrie, de la recherche et du développement (Drire). Pour les industriels, on « sévérise » les concentrations à l’émission, mais les particuliers vont être également concernés.

Ainsi, le PPA 13 prévoit de rendre obligatoire à Martigues, Fos-sur-Mer, Sausset, Chateauneuf, Port-de-Bouc, Berre l’étang, l’utilisation de combustibles non soufrés. Entre 2005 et 2010, les industriels seraient également tenus de réduire de 40% leurs productions de dioxyde d’azote et de soufre. Alors que, pour ces polluants, la norme nationale place le seuil à 150 kg/h, elle serait désormais de 20 kg/h. Concernant les sources dites mobiles de pollution, d’autres actions sont au programme : le contrôle technique d’un véhicule immatriculé 13 deviendrait obligatoire chaque année au lieu de tous les deux ans, les institutions publiques et les sociétés privées devraient renouveler leur parc tous les 4 ans avec une proportion de 20% de véhicules propres, toute entreprise de plus de 100 employés serait tenue de mettre en place un plan de déplacement pour diminuer au mieux l’usage de la voiture… Concernant les mesures d’alertes, en cas de pic à l’ozone élevé, l’hypothèse de l’interdiction du trafic des poids lourds et de l’application de la circulation alternée est même envisagée…

Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes écologiques ? Même si elles espèrent quelques avancées, les associations restent pourtant très dubitatives. « Tous les polluants ne sont pas pris en compte et quand c’est le cas, les seuils restent très hauts, des tonnes de gaz vont continuer à être rejetées dans l’atmosphère par les industriels qui sont mal contrôlés et pas assez fréquemment, dénonce pêle-mêle Victor Hugo Espinosa d’Ecoforum. Et concernant la voiture, pour ne prendre qu’un exemple, à quand la gratuité totale des transports en commun en cas de pic d’alerte ? ». Dans les bureaux moins turbulents de l’Ademe, l’Agence de l’environnement, le propos est plus nuancé. « Les fausses idées qui disent que les industriels attendent la nuit pour dégazer sont fantaisistes, affirme Jean-François Mauro, responsable de la qualité de l’air. C’est en Paca qu’ils doivent respecter les contraintes les plus importantes ». Un seul sujet fait l’unanimité : pour améliorer la qualité de l’air, il faudrait faire bien plus d’efforts concernant les voitures. 80% des trajets des véhicules particuliers sont inférieurs à 3 km. Sur une telle distance, les moteurs, encore froids, polluent à pleine puissance. « Mais comment reprocher aux gens de ne pas prendre les transports en commun quand l’offre, en matière de desserte, prix, confort et de ponctualité, n’est pas au rendez-vous ? », s’interroge à juste titre Jean-François Mauro.

M.G.

Les vacances au pas ?

Parmi les mesures envisagées au cours de l’élaboration du PPA, une action préventive retient l’attention : il s’agirait d’appliquer les mesures de diminution de vitesse pendant toute la période d’été, du 1er juin au 30 septembre, lorsque les risques de pollution à l’ozone sont les plus forts à cause de l’ensoleillement. Quatre mois entiers à vitesse réduite, il y aurait de quoi frapper un grand coup en matière de sensibilisation des automobilistes. Quitte à enregistrer des pics d’énervement…

E.B.

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