Le désordre sécuritaire

novembre 2006

L’horreur. Brûlée vive dans un bus ! C’est le sort qu’a connu, Mama, 26 ans, un samedi soir dans les Quartiers Nord de Marseille. L’erreur de cette étudiante sénégalaise ? S’être trouvée sur le chemin d’un groupe d’adolescents qui n’a pas hésité à déverser de l’essence au milieu des passagers pour y mettre le feu. Motif ? La conductrice aurait refusé d’attendre l’un d’entre eux lors d’un premier passage… Les faits se sont produits à la date « anniversaire » des émeutes qu’ont connues les banlieues un an plus tôt. A l’époque, Marseille avait été quasiment épargnée. Difficile de gloser sur les motivations de ces sombres imbéciles devenus des criminels. Peut-être n’ont-ils pas mesuré la gravité de leur acte, persuadés que comme sur leur Playstation, une nouvelle partie est toujours possible après un « game over » ?

L’absurde. L’affaire a aussitôt pris une dimension nationale. Première mesure du gouvernement et du ministre de l’Intérieur : envoyer deux compagnies de CRS supplémentaires « pour la surveillance ». Ce qui résume bien l’inanité des réponses sécuritaires au problème des banlieues. Nous proposons à Nicolas Sarkozy, dont les déclarations musclées après chaque incident font monter la côte dans les sondages, une solution plus efficace : faire circuler les passagers dans des fourgons cellulaires. A moins que Ségolène Royal, favorable à « un encadrement à dimension militaire » des jeunes délinquants, n’avance une meilleure idée. Remplacer les chauffeurs par des parachutistes ?

L’évidence. Cela a été dit, écrit, mille fois. Il faudra le chanter peut-être ! Les banlieues craquent parce que la misère sociale y règne. Dans un pays riche comme la France, certaines situations sont définitivement choquantes : la décrépitude des rares services publics qui se trouvent encore dans les cités ; les moyens dérisoires alloués aux animateurs, travailleurs sociaux, enseignants, qui tentent de colmater les brèches… Et puis le démantèlement de la police de proximité a été une grave erreur, n’en déplaise à la fois aux partisans du tout répressif qui jugent que « les flics ne doivent pas être des assistantes sociales » ou à ceux toujours persuadés que les « cognes » sont l’incarnation du mal. Reste que les « flashball », les « tasers » et les méthodes de cow-boy des Brigades anti-criminalités (Bac), qui ont le vent en poupe, ne règlent rien. Elles sèment avant tout le désordre. le Ravi

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