L’alter gauche pour une union radicale

juin 2006
Comme lors de la dernière campagne référendaire, la gauche associative radicale compte bien se faire entendre. Et multiplie manifestes et « appels ».

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Après la victoire de leur « non », tout laissait supposer que les collectifs du 29 mai (altermondialistes, PCF, LCR, aile gauche des Verts…), en perdant leur raison d’être, se dissoudraient aussi rapidement qu’ils étaient apparus. D’autant que deux de leurs initiateurs, le PC et Attac, avaient d’autres chats à fouetter : les communistes, leur congrès national à préparer ; l’association d’éducation populaire, ses problèmes internes à régler (intégration dans les mouvements sociaux, fonctionnement…).

La « bête » a pourtant refusé de mourir. Amoindris, mais très présents dans les luttes de cet automne et du printemps, les collectifs ont en effet décidé de continuer à jouer un rôle dans les paysages politiques locaux et nationaux. « Désormais, l’enjeu c’est de faire entendre nos voix et d’avoir de nouveau envie de dire « oui », « oui » à une alternative antilibérale », assène, sourire en coin, Armelle Chevassu, du collectif du 29 mai du 1er arrondissement de Marseille. Pour marquer cette volonté, ses membres ont signé « l’appel pour un rassemblement antilibéral de gauche et pour des candidatures communes ». Ce qu’a refusé de faire la coordination nationale. Cette dernière préférant en rester à son objectif : la rédaction d’une « Charte pour une alternative au libéralisme » afin de peser sur le débat et les échéances électorales. « Attac et le syndicat Solidaires s’y sont refusés », regrette Anna Scherman, membre du même collectif qu’Armelle. Elle s’apprête à rejoindre les collectifs de promotion de l’appel unitaire qui se mettent en place.

Pure coïncidence ? Tout en gardant, au même titre que le PC, un pied dans les collectifs du 29 mai à travers ses militants, Attac s’est également lancé dans la rédaction d’un « manifeste de rupture avec le libéralisme ». Avec le même objectif, mais tout en restant officiellement hors de l’engagement partisan. « Ce n’est pas notre rôle », se défend Marcel Séguret d’Attac Marseille, qui prépare néanmoins un forum social marseillais centré sur les enjeux politiques, sociaux et économiques de la ville. « Nous ne nous plaçons pas dans l’opposition, mais en tant que mouvement d’éducation populaire, nous estimons nécessaire de faire percevoir à la population une situation préoccupante », se défend le militant. Dont acte.

Pourtant, au-delà de sa volonté de peser sur les débats, et au même titre que les collectifs du 29 mai, Attac semble avoir sa petite idée sur ce que pourrait faire la gauche lors des prochaines élections. La même en fait : pousser pour des candidatures hors partis. « Il faut retrouver la même dynamique que pour le « non » : rassembler tout le monde derrière, non plus une idée, mais une personne. Seul quelqu’un du mouvement social pourra le faire », plaide ainsi Marcel Séguret. Reste à savoir si les formations politiques, justement, seront capables de dépasser leurs querelles d’appareil. Et ce que les indépendants feront s’ils ne sont pas entendus. « Aller se coucher, à la plage ou au ciné », anticipe Armelle Chevassu, tout en refusant de croire à un pareil scénario.

Jean-François Poupelin

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