Agglo : Paquet CADeau !

mars 2007
Le consensus politique qui régnait au sein de la Communauté d'agglomération dracénoise (CAD) est mis à mal par un coup de force de son président, le maire de Draguignan.

Max Piselli, le maire UMP de Draguignan et président de la Communauté d’agglomération dracénoise (CAD), n’a pas de temps à consacrer à la presse satirique régionale mais aime bien s’épancher dans les colonnes de Var Matin (1). Parfois un peu trop. En y annonçant que le prochain président de la CAD serait son premier adjoint, Olivier Audibert, il a suscité une fronde sans précédent d’une majorité des maires de l’agglomération. Dans une motion publiée par La Marseillaise (2), 12 des 16 maires de la CAD déclarent « être choqués d’apprendre dans la presse, sans démenti, que le prochain président de la CAD serait déjà désigné. » Et de poursuivre : « nous avons jusque-là scrupuleusement recherché le consensus dans la définition des objectifs de la CAD comme dans ses modalités de fonctionnement. »

« Pour une jeune agglomération, créée fin 2000, le consensus était une bonne chose, regrette René Meissonnier, le maire des Arcs, vice-président de la CAD et proche du PS. Maintenant, si les gens se mettent à raisonner politiquement, c’est dommage mais nous compterons nos forces. » Et le compte n’est pas très bon pour le maire de Draguignan : l’ensemble des signataires, majoritairement de gauche, représente 34 délégués sur une assemblée composée de 78 membres. Pas de quoi bloquer l’action de la majorité mais largement assez pour exercer une forte pression. Quelle mouche a donc piqué Piselli ? Pour comprendre, il faut faire un saut en arrière et se plonger dans la cuisine électorale. Lors des dernières municipales, Olivier Audibert était le candidat investi par l’UMP. Mais Max Piselli, alors dissident divers droite, est arrivé devant lui au 1er tour. Les frères ennemis ont fusionné leurs listes. Premier renvoi d’ascenseur : Audibert est nommé 1er adjoint. D’autres promesses ont peut-être été formulées au moment où cette alliance s’est scellée. Comme la présidence de la CAD dans un paquet cadeau ?

Mise en place par Christian Martin en 2000, l’ancien maire socialiste, élargie à 8 communes supplémentaires par son successeur six mois après sa création, la CAD pèse désormais 85 000 habitants, soit plus du double que la population de Draguignan. « Nous étions favorables à sa création à la condition que la nouvelle institution soit gérée démocratiquement, explique Annie Blanc, secrétaire de la section dracénoise du PCF et conseillère municipale d’opposition à Trans. A l’arrivée, le bilan est épouvantable, la gestion clanique, autoritaire. » Et la seule grande réalisation, en attendant l’inauguration de l’ambitieux parc logistique des Bréguières et de ses 1000 emplois, c’est l’aménagement du siège de la structure dans l’ancien immeuble de la Caisse d’épargne au c?ur de Draguignan. « C’est vrai que la ville centre a bénéficié de la majorité des investissements mais ce n’est pas en soi un scandale », reconnaît René Meissonnier. « L’intercommunalité, correctement pratiquée, permet de réaliser des économies d’échelles et des actions cohérentes sur tout le territoire. À condition d’avoir un projet », commente Claude Roux, conseiller municipal dracenois socialiste. Fin mars, les délégués de l’assemblée communautaire ont évité le clash en adoptant le budget. Mais, pour la première fois, l’unanimité n’a pas été au rendez-vous : le sénateur socialiste Pierre-Yves Collombat (représentant Figagnières) a émis ouvertement de fortes réserves, un délégué de Trans-en-Provence a voté contre (3). Les apparences sont sauves mais la hache de guerre est bel et bien déterrée.

M.G.

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