Ni rose, ni couronne

juin 2007
PS/UMP. Les législatives vont tourner au duel UMP-PS. La force des socialistes en Paca : ils partent de tellement bas, avec 4 députés sortants, que leur chute fera moins mal...

Pour les socialistes, 4 députés sur 40 sortants en Paca, les mots d’ordre sont officiellement « gagner le plus de sièges possibles » et officieusement « éviter la déroute ». Alors que les sismologues de la gauche enquêtent sur la secousse du 6 mai, les diagnostics s’opposent et la division est à l’ordre du jour. Aucun accord n’a été conclu entre le PS et ses alliers traditionnels PCF et Verts à l’exception des radicaux de gauche… Les socialistes renvoient les Verts à leur confidentialité agitée et observent avec un paternaliste agacé la LCR et autres « anti-libéraux »… elephant2.jpg Quant au PCF, le PS estime que dans les Bouches-du-Rhône, il est porté disparu. D’où l’investiture d’Henri Jibrayel, conseiller général, dans la 4ème contre Frédéric Dutoit, l’un des deux députés communistes sortants de la région. Et cette sentence en guise d’épitaphe du président du Conseil général, Jean-Noël Guérini : « Le PC s’est dissous ». La bouée de secours pourrait donc plutôt venir du côté des centristes du MoDem : comme dans la 8ème circonscription de Marseille, bastion historique de la gauche qui a largement placé Sarkozy en tête au second tour (58,97 %). Christophe Masse, le député sortant, n’y préservera son siège que dans le cas d’une triangulaire ou d’un report des voix de la candidate MoDem : Sonia Arzano.

« Nous ne sommes plus au programme commun des années 70, le monde a changé, tacle Jean-Noël Guérini. Une nouvelle donne politique qui nous oblige à jeter les bases de nouvelles alliances. » Option que partage Eugène Caselli, le secrétaire fédéral des Bouches-du-Rhône : « Si nous ne nous ouvrons pas davantage, nous resterons des élus locaux et comme le PC nous deviendrons un parti mort. » Et que nuance Michel Vauzelle, le président socialiste de la région, candidat dans la 13ème circonscription des Bouches-du-Rhône : « Beaucoup d’électeurs de Bayrou ont toute leur place avec nous mais il ne faut certainement pas draguer à droite. » Ouvrir au centre ou serrer à gauche ? « Il faut, pour ces élection locales, braquer à gauche et retrouver un clivage clair », tranche Jean Louis Bianco, député sortant de la 1ère circonscription des Alpes de Haute-Provence, et ancien directeur de campagne de Ségolène Royal. Sa réélection n’est pas du tout assurée !

« L’idée d’un large consensus me va bien. Il faut s’ouvrir et rénover le logiciel de gauche », affirme Antoine Rouzaud jeune candidat PRG, soutenu par le PS, dans la 5ème circonscription de Marseille. Des radicaux de gauche qui, sur le plan national, font les yeux doux aux radicaux de droite… « Il y aura désistement en faveur du PS au second tour, mais à condition que ce ne soit pas à sens unique », prévient Christophe Madrolle, ex- vert, candidat UDF-MoDem lui aussi dans la 5ème à Marseille…

A la base, le « peuple de gauche » se remet difficilement de la défaite aux présidentielles. « On n’a pas arrêté de se démener durant cette campagne, et au final on se retrouve avec Sarko, c’est décourageant », avoue une militante de Fos-sur-Mer (13). « On doit entendre les militants, les soutenir pour les remobiliser », répond comme en écho Jean-Noël Guérini. Mais que peut donner le spectacle de cette tambouille électorale où les frontières idéologiques deviennent plus que floues et où les portes des partis claquent à la moindre opportunité ? Un nouveau tsunami UMP peut-être…

Revers du succès, il n’est guère facile de se mobiliser à droite après l’euphorie de la victoire du 6 mai. « Rien n’est gagné, il faut rester mobilisés jusqu’au 17 juin », lance lui aussi à ses troupes Jean-Claude Gaudin, vice-président par intérim de l’UMP. D’autant qu’un léger fumet de mutinerie se dégage dans les rangs de la pourtant très disciplinée UMP. Dans la 2ème circonscription du Vaucluse, deux candidats UMP s’affrontent : Jean-Claude Bouchet, investi officiellement, et Maurice Giro, maire de Cavaillon et député sortant. Pour calmer la dissidence, « Jean-Claude » hausse la voix et poste des lettres menaçant de poursuite judiciaire en cas d’utilisation du précieux sésame UMP sur les affiches. Une péripétie pour un parti dont l’hégémonie régionale va être confirmée ou amplifiée…

R. H.

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