Edito du Numéro 10

juillet 2004

C’est toujours émouvant un premier anniversaire. Mais au Ravi, dont le numéro 1 est paru en juillet 2003, nous n’avons pas vraiment eu le temps de nous attendrir. En guise de cadeau, le maire de Menton, Jean-Claude Guibal, offre au « mensuel provençal et satirique » son premier procès pour diffamation (lire page 4). L’issue d’une procédure en justice est toujours aléatoire. Nous sommes pourtant forts de quelques certitudes : ne jamais avoir porté atteinte aux personnes ; ne jamais avoir relayé des faits sans les vérifier. Et nous croyons en un principe élémentaire : un journal se doit de poser des questions même si elles dérangent les pouvoirs en place. A Menton, les conditions de réalisation de l’opération immobilière dite de l’Ilot Saint-Roch sont troublantes. Elles nécessitent des explications. Le Ravi l’a écrit en janvier. Et le confirme aujourd’hui. Ni plus, ni moins.

Un procès, pour nos « confrères » de La Provence, de Nice Matin ou de Var Matin, fait autant d’effet qu’une piqûre de moustique sur un hélicoptère de combat made in Lagardère, leur viril propriétaire, ou made in Dassault, l’humaniste qui s’empare peu à peu des titres de feu le groupe Hersant. La réticence des grands mastodontes de la presse régionale à publier dans leurs colonnes le moindre article d’investigation est d’autant plus étonnante. Que risquent-ils ? En cas de condamnation, un journal associatif peut y laisser sa peau. La liberté, dit-on, n’a pas de prix. Dont acte.

De leur côté, les plus précaires parmi les intermittents ont payé cher leur coup de gueule de l’an passé. Un peu par fatigue, un peu parce que le gouvernement lâche du lest, ils ne devraient pas perturber fortement la saison estivale. La Provence, à nouveau, va pouvoir s’enorgueillir d’être la « terre des festivals ». Pour le meilleur et pour le pire (lire pages 6 à 9). Pour le meilleur et le plaisir de pouvoir assouvir farniente et curiosité en fêtant dignement le temps enfin libéré. Pour le pire, car on consomme aussi de la culture comme on achète à prix fort des vacances afin d’oublier, quelques semaines, la vacuité de son existence tout au long de l’année. Ne bronzez pas idiot ! Bronzez Ravi ! Et dépêchez-vous : à chaque pointe de canicule, ce sera un jour de plus travaillé. Avec le réchauffement de la planète, cela ouvre des perspectives.

Le Ravi

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