Muriel Marland-Militello

juillet 2004

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Dame patronnesse

Bien qu’elle approche de la soixantaine, Muriel Marland-Militello, que l’on surnommera MMM, est une novice en politique. Jusqu’à il y a peu en effet, elle se contentait d’être l’épouse de son mari, préfet des Alpes-Maritimes. C’est probablement lors d’un de ces innombrables pince-fesses préfectoraux que MMM fait la connaissance de Monique Peyrat, l’épouse du maire de Nice, qui l’adopte sur-le-champ. « Ma chère, l’Assemblée vous irait si bien… » Sitôt dit, sitôt fait : Jacques Peyrat, qui ne sait rien refuser à sa femme, l’adoube à son tour, suivi par Michèle Alliot-Marie, dont le directeur de cabinet n’est autre que Philippe Marland. MMM est ainsi élue députée, assez confortablement.

Cette victoire l’a-t-elle grisée ? Toujours est-il qu’elle se sent pousser des ailes et se croit un avenir politique à Nice. Un verre de beaujolpif à la main, en souvenir de ses glorieux ancêtres marchands de picrate dans le quartier du port, elle annonce sa candidature aux élections cantonales, où elle sera battue, assez largement. Le soutien, peut-être trop appuyé, du maire de Nice, lui a sans doute été fatal.

A l’Assemblée nationale, MMM reste cantonnée au rôle que les hommes attribuent aux femmes qui se piquent de faire de la politique : les affaires sociales, la culture, le bénévolat et la défense des animaux. Dans le cas de MMM, ça confine parfois à la caricature. Elle est ainsi présidente du Groupe d’études sur le développement de la vie associative et du bénévolat, vice-présidente du Groupe d’études sur les arts de la rue et siège à la Commission des affaires culturelles. Tout en affichant son soutien, ponctuel, à la fondation Brigitte Bardot, elle tente de faire interdire le commerce des peaux de chiens et chats avec lesquels, c’est bien connu, on fait pourtant les meilleures vestes.

Mais Mme la députée, membre titulaire du Conseil national consultatif des personnes handicapées et vice-présidente du Groupe d’études sur l’intégration des personnes fragilisées, peut se targuer de quelques réussites dont même ses adversaires lui font crédit. Elle milite notamment, avec une louable obstination, pour une meilleure prise en compte des handicapés, pardon, on dit plutôt des « personnes en situation de handicap » (expression plus politiquement correcte) qu’elle parvient à imposer, entre autres mesures. Mais son action de dame patronnesse ne se limite pas là. Elle n’hésite pas ainsi à questionner un ministre, sous le regard indifférent, sinon effaré, de ses collègues, sur les conditions d’accueil « très précaires » des demandeurs d’asile, conditions trop souvent attentatoires à la « dignité humaine ».

MMM néanmoins n’oublie pas qu’elle est de droite. En députée disciplinée, elle a toujours respecté les consignes de vote du groupe UMP, sauf, étonnamment, quand il s’est agit de se prononcer sur la décentralisation, en décembre 2002. Et encore, probablement avait-elle mal compris la question, ou s’est-elle fait taper sur les doigts, puisqu’elle rectifiera son vote pour finalement donner son assentiment à cette loi. Sinon, elle applaudit par exemple à la proposition de son collègue Estrosi qui voudrait bien instaurer des peines minimales pour les récidivistes, et signe des deux mains tous les textes qui tendent à limiter le droit de grève. Pardon, on dit plutôt « aménager l’exercice du droit de grève ».

Gilles Mortreux

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