Ne pas perdre une miette

février 2008
UMP. Le parti présidentiel, royalement servi lors des dernières présidentielles et législatives, est repu dans la région. Les municipales s'annoncent comme un dessert : sucré ou amer ?

Le drapeau UMP flotte presque sans partage sur les communes de Paca. En 2001, Aix-en-Provence, Brignoles, Draguignan, La Ciotat, La Garde, La Seyne-sur-Mer, Miramas sont, notamment, tombées à droite à la fin d’un gouvernement Jospin à bout de souffle. Villes auxquelles il est désormais possible d’ajouter Marignane : Daniel Simonpieri, son maire ex-FN et ex-MNR, a été officiellement investi par le parti présidentiel pour ces municipales. 11rv49trax_vote.jpg A l’Est de la région, l’UMP n’a quasiment plus rien à grignoter. « Le Pradet du socialiste Roland Joffre », espère quand même Jean-Pierre Giran, député et secrétaire varois de l’Union pour un mouvement populaire. Une simple bourgade de 10 000 habitants… Et pour cause : en dehors de Draguignan (le socialiste Christian Martin, défait en 2001) et La Garde (gauche unie), la gauche part divisée. Les 1,80 % de Marie-George Buffet ont marginalisé le PC et autorisent le PS à partir en solo ou à rechercher de nouvelles alliances. A Brignoles, par exemple, les socialistes ont préféré le MoDem à leurs partenaires de la gauche plurielle. Quant à l’hypothèse d’un vote sanction, Jean-Pierre Giran l’écarte avec autorité : « Je n’ai aucune inquiétude, Nicolas Sarkozy a réalisé plus de 65 % dans le département. Sans compter que la gauche n’y a aucun leader, comme au niveau national. » Lapidaire. Mais pas faux : Robert Alfonsi, candidat socialiste à Toulon et secrétaire départemental de la fédération, ne croit pas lui-même en ses chances face à Hubert Falco… La droite en est donc réduite à chasser sur ses propres terres pour gagner de nouveaux trophées. Dans le Var, Jean-Pierre Giran compte profiter du départ à la retraite du divers droite Léopold Ritondale, après un demi-siècle de gestion autocrate, pour enfin l’emporter à Hyères. Dans les Alpes-Maritimes, les partisans de l’omniprésident se tirent carrément dessus. A Nice, le sarkozyste Christian Estrosi, président UMP du Conseil général, a décidé de prendre la ville au sénateur Jacques Peyrat, exclu de l’UMP. Un petit duel à côté du règlement de comptes cannois. Philippe Tabarot, conseiller général UMP et frère de Michèle, député-maire également UMP du Cannet voisin, a décidé d’avoir la peau du député-maire Bernard Brochand, officiellement investi par… l’UMP. Deux autres candidats de droite sont en embuscade, dont Jean Martinez, faire-valoir de l’ancien maire Michel Mouillot (1989-1996), libre depuis août dernier après avoir purgé deux ans et demi pour une affaire de pots-de-vin réclamés à des casinos.

Dans les Bouches-du-Rhône, la gauche est encore massivement implantée : en 2001, le PS s’était même payé le luxe d’arracher à l’UMP Salon-de-Provence à l’issue d’une quadrangulaire. Rien n’assure que le mouvemement inverse se produise le mois prochain. L’opposition à l’incinérateur du sénateur-maire UMP de Marseille est telle autour de l’Etang de Berre que la population a réélu Michel Vaxès, député communiste sortant, alors que Nicolas Sarkozy est arrivé premier en mai 2007 dans toutes les villes du territoire. « Nous sommes dans des élections locales, les personnalités des sortants peuvent faire bouger les résultats des présidentielles, affirme Renaud Muselier, secrétaire de l’UMP « 13 ». A Martigues, le président est arrivé en tête aux deux derniers scrutins, mais Paul Lombard (PCF) est très bien implanté. » le 1er adjoint de Jean-Claude Gaudin ne désespère pas pour autant : Istres (divisée à gauche), Salon-de-Provence et Aubagne lui semblent des citadelles prenables.

Deux villes cristallisent cependant toute l’attention dans le « 13 » : Aix-en-Provence et Marseille. Réélue députée en juin, Maryse Joissains, maire sortante UMP, est particulièrement menacée par une liste MoDem pimentée de trois Verts et de deux de ses anciens adjoints. A Marseille, le départ en bon ordre de bataille du Parti socialiste, pour la première fois depuis la mort de Gaston Deferre, a relancé un (petit) espoir d’une victoire à gauche. Renaud Muselier balaye l’éventualité, mais est lui-même sur la sellette : Jean-Noël Guérini le défie dans son fief du 3ème secteur. Une défaite personnelle pourrait pourtant lui valoir « la double peine » qu’il promet au candidat socialiste : perdre sa place de 1er adjoint et son titre de dauphin. Un comble ! C’est son animal préféré.

Jean-François Poupelin

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