Bataille de l’eau

novembre 2008
Un réseau collectif très efficace

Parmi les acteurs qui rythment la vie avignonnaise, un est curieusement négligé par nos confrères nationaux dans leurs dossiers sur la cité des papes : le réseau de Collectifs de l’eau. Seize associations (communales, intercommunales et départementale) militent pour le retour en régies publiques des services de distribution et d’assainissement du précieux liquide. Une mobilisation sans équivalent en Paca.

A la pointe des batailles contre les dérives de la privatisation des services publics de l’eau depuis celle du réseau de distribution d’Avignon, le 15 octobre 1986, les collectifs ont encore remis au préfet du Vaucluse une nouvelle « Lettre ouverte » : leur version de la consultation nationale sur l’eau (lancée en avril par le ministère de l’écologie) jugée « bateau, médiatique et bidon » par Marcelle Landau, membre du collectif du Vaucluse et du Grand Avignon. Tarifs, absence d’amélioration du réseau, opacité des comptes, etc., les associations dénoncent les abus des « Trois s?urs » (Veolia, SDEI, Saur). Et en craignent d’autres : depuis la loi sur l’eau de décembre 2006, l’assainissement non collectif a été réformé. Marcelle Landau redoute que les collectivités procèdent à de nouvelles délégations propices à d’autres dérives et plaide pour « une réglementation claire et la participation des usagers à la gestion. » Ce qui ne semble pas gagné en Avignon. Car à l’issue des dernières municipales, Marie-José Roig, député-maire UMP de la ville, a éparpillé le services distribution et assainissement de la Communauté d’agglomération du Grand Avignon (Coga), qu’elle préside, en quatre entités distinctes. Une manière pas franchement délicate de se débarrasser de trublions. « Alors que sous son précédent mandat, nous étions dans la commission de gestion, il nous est aujourd’hui difficile de trouver ne serait-ce qu’un interlocuteur », peste Marcelle Landau.

Depuis sa première élection en 1995, Marie-José Roig, ancienne ministre de la Famille de Jacques Chirac, a en effet dû composer avec l’efficacité des activistes du collectif de l’eau. Procéduriers – contestations des contrats devant le tribunal administratif -, ils sont également adeptes de la désobéissance civile. « Entre 1994 et 2002, jusqu’à 1 200 usagers ont refusé de payer une partie de leur abonnement à Veolia pour contester la hausse des tarifs décidée en 1992 par le socialiste Guy Ravier à l’occasion de la création d’une nouvelle station d’épuration », raconte avec plaisir Marcelle Landau.

L’annulation de la délibération de 1992 a imposé à l’ex-Vivendi le remboursement des dépôts de garantie versés avant 2002 par 12 000 Avignonnais. Une décision toujours en souffrance malgré la promesse de Marie-Josée Roig de la faire appliquer. Il est vrai qu’en 2002, Veolia avait consenti une baisse de 13 % de la facture de ses usagers… Efficace et de mieux en mieux implanté dans le Vaucluse, le réseau des Collectifs de l’eau gagne également en influence : tous les candidats de gauche d’Avignon aux dernières municipales ont repris son mot d’ordre de retour à un service public. Largement assez pour intéresser le Ravi !

J-F.P.

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