« Qui fait mieux ? »

novembre 2008
Un entretien avec Marie-Josée Roig, Le député-maire d'Avignon n'a pas pu nous recevoir - « agenda trop chargé » - mais a accepté de répondre par écrit à certaines de nos questions.

Entre Avignon intra-muros – touristique, patrimoniale – et Avignon extra-muros – ses quartiers populaires et ses zones commerciales – la ville est traversée par une fracture géographique. Tentez-vous de la réduire ?

La préoccupation majeure de la municipalité est d’assurer l’unité et la solidarité entre le c?ur de la ville historique, 13 000 habitants, et l’ensemble de la cité de 90 800 habitants. Contrairement à l’idée reçue, la Ville investit plus dans les quartiers périphériques que sur le centre ville. Cette politique de renouvellement urbain nécessite des investissements lourds et ne peut s’évaluer que sur une longue période. Par exemple de nombreuses réalisations ont permis de réduire la fracture géographique, conséquence de l’urbanisme fonctionnel des années soixante (…) L’ensemble de ces projets concourent à la création d’un éco-quartier exemplaire. C’est un projet de lien social et urbain entre le c?ur de ville et les quartiers, l’ambition d’une cité vivante.

De nombreux indicateurs, celui du chômage, du revenu moyen, des minima sociaux, prouvent qu’Avignon reste toujours une ville pauvre. Quelle nouvelle dynamique sociale et économique peut apporter votre 3ème mandat pour changer la donne ?

Oui c’est vrai et je ne cesse de le répéter car bien souvent on imagine le contraire. Cependant je n’entends pas en rester là et c’est pourquoi je me suis battue pour obtenir le pôle de compétitivité fruits et légumes sur Agroparc et la création d’une zone franche. Depuis deux ans les résultats ne se sont pas fait attendre. Je suis fière du bilan de la zone franche urbaine qui a vu la création de 514 nouveaux emplois. Qui fait mieux ? Nous comptons désormais aussi sur le développement de la zone d’activité de la Courtine, libérée de contraintes fortes depuis la levée du plan de prévention des risques d’inondation qui lui interdisait toute urbanisation nouvelle. Ces 3 axes de développement constituent de réelles opportunités économiques et d’emploi.

Avignon dépasse les 20 % de logement HLM que rend obligatoire la loi SRU. Pourtant, les demandes de logements sociaux excèdent toujours l’offre. Comment comptez-vous répondre à cette attente ?

Selon les dernières statistiques, on recense fin 2007, 13 197 logements sociaux soit 32 % de l’ensemble des résidences principales de la Commune. Ainsi Avignon concentre 70 % des logements sociaux du bassin de vie alors qu’elle ne représente que 30 % de la population de ce périmètre. Le Plan local de l’habitat s’est fixé pour objectif de mieux répartir les logements sociaux entre la ville centre et les communes périphériques. L’objectif d’Avignon est de construire une moyenne de 45 nouveaux logements par an. Or sur la période 1995 à 2007, Avignon a construit 804 logements, soit une moyenne de plus de 65 logements par an. Si l’on considère les programmes à l’étude ou en cours de construction, ce sont 220 logements sociaux supplémentaires qui seront livrés en 2008-2009. Avignon remplit plus que de besoin sa part sociale dans le logement avignonnais.

Vous vous félicitez d’avoir diminué l’endettement d’Avignon. Votre opposition affirme que vous avez en fait reporté sur l’agglomération la dette en l’échelonnant dans le temps. Qu’en est-il ?

Non, c’est faux, il n’y a pas eu de dette transférée au Grand Avignon. La dette propre de l’agglomération correspond aux dépenses d’équipement qu’elle a engagée sur son territoire. C’est là le principal apport de l’intercommunalité qui a constitué un formidable levier pour l’investissement. Par ailleurs, la dette n’a pas été étalée. Sa durée résiduelle est de 10,7 années, ce qui correspond à la moyenne des villes de même importance et est également cohérent avec la nature des investissements réalisés, lesquels ont en général une durée de vie souvent supérieure à 10 ans.

En 2007, la Chambre régionale des comptes pointait un objet quasi unique du Grand Avignon : le reversement de la dotation de solidarité aux communes et l’absence d’aménagement cohérent et d’investissement pour l’avenir sur son territoire… Quel est le rôle de cette intercommunalité aujourd’hui ?

Le problème avec ce rapport est qu’il est arrivé un peu tard, c’est-à-dire trois ans après avoir été commandé, et qu’il était dès sa parution le témoin d’une époque révolue. Sa lecture renforce la sensation d’un décalage entre la situation difficile que nous avons vécue quelques mois en 2004, alors que le Grand Avignon était encore une jeune structure avec 3 années de vie, et la réalité beaucoup plus apaisée et constructive d’aujourd’hui. Pendant que la Chambre régionale des comptes élaborait son rapport, le Grand Avignon a évolué et a gagné en maturité et en puissance. Pour autant, une agglomération puissante, pour nous, ce n’est pas une agglomération qui étouffe ses communes membres et prospère sur leurs dépouilles. C’est pourquoi nous avons mis en place ces dotations de solidarité aux communes, qui existent dans la plupart des agglomérations et qui apportent une réponse à l’une des raisons d’être de l’intercommunalité : favoriser la solidarité entre les communes. En ce qui concerne les investissements, nous avons investi près de 120 millions d’euros au cours du mandat précédent, dans la gestion de l’eau, les transports, le développement économique, le Conservatoire du Grand Avignon… Nous avons également voté en 2008, un plan pluriannuel d’investissements qui prévoit plus de 100 millions d’euros d’investissements sur les trois prochaines années. Nous envisageons enfin de construire une salle de spectacles sur l’Ile Piot, point de jonction entre le Gard et le Vaucluse, pour asseoir la réputation culturelle du Grand Avignon.

Ceinturé par des zones commerciales, le commerce à Avignon centre n’est pas florissant. L’implantation d’un Ikéa n’est elle pas une nouvelle fuite en avant ?

La zone commerciale d’Avignon nord draine une clientèle sur une zone de chalandise estimée à plus de 650 000 habitants originaires de 3 départements, alors que la population du Grand Avignon s’élève à 170 000 habitants (…) Fallait-il laisser la laisser péricliter alors que partout autour, à Orange, Cavaillon, Châteaurenard, les zones commerciales se développent ? Nous avons choisi d’autoriser l’implantation d’Ikéa pour assurer l’avenir de cette zone indispensable pour l’emploi sur notre territoire, tout en obtenant des contreparties importantes pour le commerce de centre-ville qu’Ikéa n’avait jusqu’à présent jamais accordées ailleurs. Notre partenariat prévoit notamment le soutien d’Ikéa à la commercialisation des locaux commerciaux vacants du centre-ville ; la possibilité pour la ville d’Avignon d’exercer un droit de refus pour l’implantation d’enseignes dans les boutiques adjacentes au projet Ikéa (…) enfin, la participation du Groupe Ikéa à la promotion des commerces de centre-ville, à travers notamment une participation de 50 000 euros par an, pendant 5 ans, à la prochaine mise en place d’un « manager de centre-ville »…

Propos recueillis par M.G.

Imprimer