Recyclage

mars 2009

A court d’idées, un peu feignants ou simplement coupés dans un premier élan, certains candidats n’hésitent pas à recycler de vieilles promesses. D’autres, à piquer celles de leurs adversaires une fois élus… Ce qui n’est pas très sport, mais bien pratique et, dans tous les cas, écologique. Surnommé « Monsieur un projet par jour » par le socialiste Patrick Allemand, Christian Estrosi, député-maire UMP de Nice, fait partie de cette dernière catégorie. A son actif, la récupération du projet de son principal opposant de transformer les anciens abattoirs de la ville en friche culturelle. Chose faite dès l’été dernier grâce à un heureux concours de circonstances : le délogement de la Station (l’association d’art contemporain) de l’ancien asile du CHU de Nice, qu’elle occupait depuis 2003. Dans la foulée, et avec une belle dose de cynisme, l’ancien coureur motocycliste a offert la conduite du projet à la comédienne Sophie Duez, colistière de Patrick Allemand… Qui l’a acceptée. Dans la première catégorie, François Bernardini et Hubert Falco se tirent la bourre. Le premier, qui a retrouvé sa casquette de maire DVG d’Istres (13) en mars dernier, a récupéré moult promesses de son programme de 2001. En vrac et pour les plus marquantes : une salle de congrès et d’exposition, une piste de karting, un centre commercial en centre ville, un boîte de nuit, un parc dans le quartier du Prépaou. A sa décharge, l’ancien homme fort du PS des Bouches-du-Rhône n’avait pas eu le temps de lancer ces projets : un an après son élection, sa condamnation pour abus de biens sociaux a été exécutée et l’a rendu inéligible. Le secrétaire d’Etat à l’Aménagement du territoire n’a (pour l’instant) pas ce genre d’excuses. Et à peine celle de la poursuite de son action. Pour faire rêver l’électeur de 2008, le maire UMP de Toulon a remis au goût du jour ses très sexy Zone franche urbaine et projet de rénovation du centre ville. Au ryhtme où il mène ces projets, Hubert Falco pourrait même les recycler en 2014. « En 2006, la Région lui avait provisionné 6 millions d’euros pour le centre ancien, il n’en a utilisé que 150 000 », assure Robert Alfonsi, son adversaire socialiste. Avant de reconnaître, désabusé : « Il n’a pas besoin de promettre grand-chose, il est arrivé après le FN. » Et a opéré un recyclage d’électeurs en quelque sorte.

J-F. P.

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