Scénario science po : Les élus se grippent

septembre 2009
Face à l’alarmisme du gouvernement, les élus plaident la légitime prudence ou dénoncent une instrumentalisation politique de la grippe…

L’épidémie de grippe A connaîtra-t-elle son paroxysme cet hiver ? Sans attendre, le gouvernement prépare les Français à d’innombrables mesures pour faire face au fléau et à ses hypothétiques ravages. Aux grands maux, les grands remèdes ! Mais le doute s’insinue. Et si le virus H1N1 était utilisé à des fins politiques ? La charge la plus virulente est venue des rangs de la droite. Député UMP de Paris, le professeur Bernard Debré a jeté un pavé dans la marre en reprochant au gouvernement d’entretenir l’hystérie. « Je leur reproche d’avoir succombé à une surmédiatisation politique de l’événement, a condamné cet été dans les colonnes du Journal du Dimanche le chef du service d’urologie de l’hôpital Cochin. Cette grippe n’est pas dangereuse. On s’est rendu compte qu’elle était peut-être même un peu moins dangereuse que la grippe saisonnière. Alors maintenant, il faut siffler la fin de la partie ! »

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Face à l’ampleur de la critique, l’UMP a officiellement réagi par la voix de sa zélée secrétaire nationale en charge de la santé, Valérie Boyer. « Le mouvement populaire soutient l’attitude responsable et proportionnée du gouvernement vis-à-vis du risque de pandémie de grippe A, indique dans un communiqué la députée des Bouches-du-Rhône. Les critiques formulées à l’encontre de la gestion du risque de crise sanitaire sont non seulement caricaturales mais surtout inexactes et infondées (…) Grâce à la stratégie de confinement des malades, de surveillance des voyageurs en provenance de pays à risque ou présentant des symptômes, et aux campagnes d’information sur les mesures à respecter pour éviter la contamination, la France est, aujourd’hui, un des pays les plus épargnés au monde. » Rien de moins !

« Il n’est pas nécessaire d’installer un climat de psychose ! »

Un point de vue que partage Françoise Gaunet, médecin et adjointe au maire UMP de Marseille. « Il s’agit simplement de préparer et d’anticiper, souligne-t-elle. C’est déjà une réelle pandémie mondiale, donc une affaire sérieuse dont la gravité n’est pas connue. Car on ne sait pas si le virus va muter. Notre rôle est d’anticiper, c’est ce que nous faisons. » Sans chercher à minimiser les dangers de la grippe A, Jean-Louis Bianco, président PS du Conseil général des Alpes de Haute-Provence, fait preuve de moins d’enthousiasme. « Le gouvernement cherche à abuser les gens par une surenchère de déclarations, parfois hasardeuses voire contradictoires, tempête-t-il. S’il est utile de demander à la population d’être vigilante, il n’est pas nécessaire d’installer un climat de psychose ! »

Depuis la canicule, les responsables politiques savent qu’à la première catastrophe sanitaire, l’opinion ne leur pardonnera aucun faux pas. « Le fait est que dans ce cas précis, les risques sont vraiment réels et très inquiétants. Je pense que le gouvernement a raison de mobiliser les gens de la sorte », avoue l’euro-député du Modem Jean-Luc Bennahmias. Et si, in fine, une deuxième vague de grippe A se montrait plus agressive ? Imaginez des rangs clairsemés dans les conseils municipaux, généraux et régionaux, partout des élus alités en nombre… Y aurait-il, alors, assez de candidats assez valides pour faire campagne aux régionales en mars prochain ? La grippe pourrait d’ailleurs faciliter le choix des électeurs : votez pour le moins malade ! L’hiver promet d’être fiévreux…

Rafi Hamal

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