La police frappe un grand coup

juin 2010

Laurent Kérusoré, le barman de « Plus belle la vie » a été placé en garde à vue suite à une rixe. Il accuse les policiers de violence et de propos homophobes. Une pratique devenue quasiment banale, estime l’Observatoire des violences policières illégitimes des Bouches-du-Rhône.

Un repas bien arrosé, une discussion animée, une petite baston : police, cellule de dégrisement, c’est d’un commun dans un scénario ! Quand cela arrive à Laurent Kérusoré, historique barman homo de « Plus belle la vie », on s’attend pourtant à une donne un peu différente. Mais les policiers marseillais sont de vrais Républicains. Et lorsqu’ils interviennent, cette nuit du 12 novembre cours Lieutaud, ils ont, selon l’acteur, suivi « la procédure » : violence verbale au moment de l’intervention, arrestation à la moindre parole « déplacée », un petit coup sur la gueule dans la voiture pour qu’il arrête de brailler et, pour finir, propos homophobes. « Malheureusement, ce qui est arrivé à Laurent Kérusoré est le lot quotidien de nombreux jeunes, surtout s’ils sont Arabes ou Africains », constate Marc Jeanjean de l’Observatoire des violences policières illégitimes (OVPI) des Bouches-du-Rhône.

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Fondé en 2001 par la Ligue des Droits de l’Homme, la Cimade, le Mrap et SOS racisme, l’Observatoire recueille les témoignages des victimes de violence de la police depuis 2001. Le rapport 2008-2009 actuellement en cours d’élaboration, présente néanmoins quelques nouveautés. « La violence se banalise, estime Anne Biquard, secrétaire de la LDH. Il y a les cas de plus en plus fréquents des sans papiers. Mais nous avons aussi eu les deux étudiants arrêtés en fin de manifestation ce printemps à Marseille ou encore ce père arabe et son fils placés en garde à vue par les gendarmes à Aubagne en juin sans que la procédure normale ait été suivie. »

« Les policiers n’obéissent pas à des circulaires qui viendraient légitimer la violence, c’est plutôt l’ambiance politique sécuritaire qui les incite à montrer les muscles, souligne Marc Jeanjean. Et c’est d’autant plus facile qu’ils se couvrent en portant plainte pour outrages ou rébellion. Pour les victimes, il y a double peine : non seulement, ils se font agresser, mais en plus, ils sont convoqués au tribunal. Le pire, c’est qu’un policier peut demander des dommages et intérêts personnels. Certains arrondissent leur fin de mois comme ça. » De la tentative d’expulsion de la Cimade des centres de rétention administrative à la diminution du budget de la Halde, en passant par la disparition du défenseur des enfants, le gouvernement n’hésite pas à réduire les libertés individuelles. Il s’appuie sur une politique des chiffres. le Ravi s’est procuré une circulaire de la direction départementale de la sécurité publique datée du 19 janvier 2009. Déclinant les directives du Ministère de l’intérieur, elle assigne explicitement des objectifs mensuels de « mises à disposition » pour certains commissariats d’arrondissements de Marseille…

Stéphane Sarpaux

N.B. Pascal Lalle, directeur départemental de la sécurité publique, n’a pas souhaité nous répondre.

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