Un animal en danger d’extinction

juin 2010
Nous vous présentons ce mois-ci l'éminent représentant d'une espèce menacée d'extinction : président de Conseil régional. Le « Michel Vauzellus » a pourtant la peau dure. Il s'est toujours adapté aux climats les plus rigoureux. Né à Montélimar de parents provençaux, il apprend à survivre très vite dans la jungle parisienne. Jeune avocat, il a tout juste 25 ans lorsque le premier ministre Chaban-Delmas le nomme « chargé de mission ». L'animal ne s'est donc pas toujours revendiqué altermondialiste ! Aventurier, il adhère au parti socialiste à Arles en 76, à l'époque glorieuse du programme commun avec le parti communiste. Il a alors 32 ans. Dans le sillage d'une bête... politique nommée François Mitterand, il s'impose parmi les grands mâles dominants de la vie publique française. Impossible de détailler ses « exploits ». Citons-en deux seulement : porte-parole du président socialiste dès 81, ministre de la Justice en 92... Mais c'est au soleil du Sud que le « Michel Vauzellus » trouve son biotope le plus favorable. Maire d'Arles en 95, il ne termine pas son mandat pour conquérir son territoire de prédilection : Provence-Alpes-Côte d'Azur (ne dites pas « Paca » de peur de le voir rugir). En 98, ce n'est pas une partie de plaisir. La droite, parfois complice avec les apprentis tyrannosaurus du Front national, est bien implantée dans la région. Pour sa première présidence, il doit se contenter d'une majorité relative. Battu aux législatives en 2002, il triomphe à la Région en 2004 avant de redevenir député en 2007. Car le « Michel Vauzellus », à rebours du troupeau socialiste, plaide haut et fort les vertus du cumul des mandats ! Les élections régionales approchent. L'heure de repartir en chasse est venue. En apparence, tout s'annonce au mieux pour lui en ce début de campagne. Les Français connaissent mal le nom de leurs présidents de région ? Qu'importe ! Il décroche la 3ème place au palmarès national de la notoriété... Ses alliés communistes et écologistes, attirés par de rouges horizons ou de verts pâturages, lui font des infidélités au 1er tour ? Qu'importe ! Les sondages le donnent vainqueur dans tous les cas de figure face au candidat que l'UMP a peiné à désigner. Sauf que ! Sauf que le petit fauve qui dirige la France s'apprête à réduire les mandats des conseillers régionaux, leurs missions et les moyens d'une institution qu'il souhaite faire disparaître sous sa forme actuelle. Et si, réélu en avril, le « Michel Vauzellus » se retrouvait simplement à la tête d'une réserve naturelle ? M.G.

Né à Montélimar de parents provençaux, il apprend à survivre très vite dans la jungle parisienne. Jeune avocat, il a tout juste 25 ans lorsque le premier ministre Chaban-Delmas le nomme « chargé de mission ». L’animal ne s’est donc pas toujours revendiqué altermondialiste !

Aventurier, il adhère au parti socialiste à Arles en 76, à l’époque glorieuse du programme commun avec le parti communiste. Il a alors 32 ans. Dans le sillage d’une bête… politique nommée François Mitterand, il s’impose parmi les grands mâles dominants de la vie publique française. Impossible de détailler ses « exploits ». Citons-en deux seulement : porte-parole du président socialiste dès 81, ministre de la Justice en 92…

Mais c’est au soleil du Sud que le « Michel Vauzellus » trouve son biotope le plus favorable. Maire d’Arles en 95, il ne termine pas son mandat pour conquérir son territoire de prédilection : Provence-Alpes-Côte d’Azur (ne dites pas « Paca » de peur de le voir rugir).

En 98, ce n’est pas une partie de plaisir. La droite, parfois complice avec les apprentis tyrannosaurus du Front national, est bien implantée dans la région. Pour sa première présidence, il doit se contenter d’une majorité relative.

Battu aux législatives en 2002, il triomphe à la Région en 2004 avant de redevenir député en 2007. Car le « Michel Vauzellus », à rebours du troupeau socialiste, plaide haut et fort les vertus du cumul des mandats !

Les élections régionales approchent. L’heure de repartir en chasse est venue. En apparence, tout s’annonce au mieux pour lui en ce début de campagne. Les Français connaissent mal le nom de leurs présidents de région ? Qu’importe ! Il décroche la 3ème place au palmarès national de la notoriété…

Ses alliés communistes et écologistes, attirés par de rouges horizons ou de verts pâturages, lui font des infidélités au 1er tour ? Qu’importe ! Les sondages le donnent vainqueur dans tous les cas de figure face au candidat que l’UMP a peiné à désigner.

Sauf que ! Sauf que le petit fauve qui dirige la France s’apprête à réduire les mandats des conseillers régionaux, leurs missions et les moyens d’une institution qu’il souhaite faire disparaître sous sa forme actuelle. Et si, réélu en avril, le « Michel Vauzellus » se retrouvait simplement à la tête d’une réserve naturelle ?

M.G.

Le débat sur l’identité nationale aura-t-il des conséquences sur ces élections régionales ? Michel Vauzelle : « La France que nous aimons, c’est celle de 1789, de la Révolution, de la résistance au nazisme et donc la Marseillaise. Le drapeau bleu blanc rouge n’est pas l’attribut de l’UMP ou de l’extrême droite. L’identité nationale, c’est la République et ses valeurs. Par contre, le débat organisé par le gouvernement est détestable. Il fait partie d’un faisceau d’arguments portés par une droite soucieuse. Elle sent en effet qu’il y a des déçus du sarkozisme dans l’électorat d’extrême-droite que l’UMP avait siphonné avec un discours de racisme social vis-à-vis des banlieues, des jeunes, de la « racaille », des personnes d’origine maghrébine. Le gouvernement cherche à récupérer ces voix… »

Le « lapsus » de Jean-Claude Gaudin sur les « musulmans » qui déferlent sur la Canebière, c’est grave ? « C’est extrêmement grave, c’est un lapsus révélateur. Jean-Claude Gaudin est un homme qui a dirigé la région avec le Front national. Cela ne lui a pas fait peur. C’était quelque chose d’inouï. Moi, je ne l’oublie pas. Quand on est un grand garçon comme Monsieur Gaudin et qu’on parle de milliers de musulmans déferlant sur la Canebière, c’est que quelque chose au fond de soi a lâché tout d’un coup. Cela exprime, hélas, le sentiment de beaucoup de nos compatriotes dans cette région méditerranéenne où j’ai une très grande inquiétude par rapport à la montée du communautarisme et du racisme. »

Un sondage, commandé par le PS, vous donne en tête au 1er tour et vainqueur au second dans tous les cas de figure. Ce n’est pas un peu trop beau ? « C’est le 5ème ou 6ème sondage qui dit la même chose. Ce qui est nouveau, c’est que la politique de Sarkozy fait remonter le FN de manière extrêmement dangereuse (NDLR 19 % au 1er tour). Thierry Mariani passe pourtant son temps à dire :  » ne votez pas pour le FN, votez pour moi directement « . Face à une droite qui n’a jamais été aussi extrême, liée à l’extrême droite et lui faisant appel du pied, j’invite à nouveau nos partenaires Verts et communistes à se rassembler. »

Justement, pourquoi votre « alliance de l’olivier » a-t-elle éclaté ? « Ni les communistes ni les Verts ne reprochent quoi que ce soit à mon bilan qui est le leur. Mais la gauche est plurielle. Elle se rassemblera sans problème au second tour. »

Tendrez-vous la main à vos anciens alliés, au second tour, si vous êtes en tête et même si vous n’avez pas besoin numériquement d’eux pour l’emporter ? « C’est ma volonté, bien sûr. Le tout n’est pas d’être capable de conduire les affaires de la région tout seul mais de rassembler ceux qui partagent le même idéal social, la défense d’un modèle de société mis à mal par la loi des grandes sociétés financières mondiales qui ont arraché à la France et à son peuple la souveraineté populaire. »

Vous excluez toujours tout accord avec le Modem ? « Je suis sur la ligne de la gauche. Qu’on me prouve que le Modem est un parti de gauche. Je n’aperçois pas cela dans les déclarations très compliquées de Monsieur Bayrou. »

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Vous refusez avec force la réforme des collectivités locales. Bernard Deflesselles, tête de liste UMP dans les Bouches-du-Rhône, affirme qu’elle peut rapporter 400 millions d’Euros en Paca. C’est faux ? « C’est un mensonge. On veut faire croire au peuple qu’il existe un millefeuille administratif. Il y a partout en Europe des régions très puissantes. La démocratie aujourd’hui ne peut être sauvée que par la démocratie de proximité. Il faut s’opposer à cette volonté aveugle, à cette locomotive lancée à toute vitesse par le gouvernement qui va écraser les collectivités et la démocratie locales. Le président à l’Elysée, aidé par les huit futurs présidents de grandes métropoles, sur le modèle américain et japonais, vont ghettoïser les milieux ruraux, les petites communes, les associations. »

Mais n’est-il pas nécessaire de dépoussiérer la jungle des financements croisés avec la clause de compétence générale ? « Au contraire ! Quand une association culturelle, un théâtre de rue, une association sportive, une équipe de foot pour les quartiers Nord de Marseille par exemple, se heurtent à une municipalité qui dit  » je n’ai pas d’argent ou ce n’est pas mes idées ou ma politique « , alors elles vont voir le Conseil régional. Si demain – et c’est ce qui va se passer – on nous enlève la clause de compétence générale : rien pour les associations, fin de la vie culturelle, fin de la vie sportive. Je parle très sérieusement. »

Le préfet de région Michel Sappin vous a décerné un « prix citron », vous définissant comme un « parangon de vertu, un ayatollah du status quo ». L’idée de réduire le nombre des élus est un argument porteur électoralement, non ? « C’est ça ! Supprimons des élus ! Mettons des préfets partout ! Faisons de la province une colonie avec un gouverneur et puis nous obéirons aux ordres des préfets et du monarque qui leur envoie ses ordres et leur demande d’être, la casquette à la main, dans des cérémonies où l’on retrouve tout l’UMP rassemblé pour discuter de l’identité nationale avec les dérapages que l’on sait. Nous assistons à une politisation de la haute fonction publique… »

Venons-en à votre bilan. Thierry Mariani souligne que le chômage est plus élevé en Paca qu’en France… « Franchement, Thierry Mariani débarque d’Afghanistan ou du Pakistan. Il est peut-être acclamé dans les rues de Rawalpindi. Sans doute tout le monde lui crie là-bas  » faites de Kandahar une nouvelle Valréas  » où il a si bien réussi (Ndlr Thierry Mariani a été nommé envoyé spécial de la France pour la France et le Pakistan. Il a été maire de Valréas dans le Vaucluse). Attaquer sur le chômage, c’est idiot quand on connaît la politique que conduit le gouvernement qui favorise les délocalisations. Notre région a, malgré tout, créé 24 000 emplois dans le dernier mandat. Nous avons investi 650 millions d’Euros pour donner du travail à nos entreprises locales. »

Autre sujet qui fâche : les impôts avec 110 % d’augmentation en 12 ans ! « Mensonge ! On n’a pas augmenté les impôts depuis 4 ans et je ne les augmenterai pas dans l’avenir. Et puis, l’impôt régional c’est quoi ? Notre budget est moins élevé que celui des Alpes-Maritimes et des Bouches-du-Rhône. On est des petits garçons par rapport aux départements. Pour avoir 2 Euros de plus payés par le contribuable, cela fait 50 ou 100 % d’augmentation. On peut parler en pourcentages, mais là aussi c’est idiot. Dans le même temps, lorsque Christian Estrosi augmente l’impôt communal de 14 %, cela représente pour de bon un poids financier considérable pour les Niçois. »

Vous mettez en avant votre action pour les trains régionaux. Pourquoi alors les usagers des TER se plaignent-ils autant de leurs dysfonctionnements ? « Les TER, c’est une grande fierté de la région. Un point fort de notre politique, éminemment écologique, c’est de réduire les émissions de CO2, d’aider les gens à abandonner leur voiture. Nous avons investi 3 milliards d’Euros dans le train et nous allons continuer. 700 TER circulent aujourd’hui, avec 100 000 passagers par jour, alors qu’il y en avait seulement 290 en 1998. Mais la SNCF ne suit pas le rythme. C’est à elle d’avoir un dialogue social interne pour éviter les grèves et mettre des cheminots dans les TER au lieu de supprimer sans cesse des postes. Nous lui donnons 220 à 250 millions par an pour qu’elle fasse cela. Si elle ne le fait pas, c’est du vol. »

Le climat judiciaire autour de certaines affaires va-t-il parasiter le scrutin ? Notamment celle concernant des subventions versées par le Conseil régional à des associations fantômes ? « J’ai mené une politique de très grande rigueur. Dans l’affaire évoquée (Cf Ravi n°70), nous avons déposé une plainte et alerté le procureur de la République il y a plus de deux ans. Ensuite silence. Et puis, bizarrement, cela ressort maintenant. Je ne vais pas faire campagne là-dessus. Je ne vais pas dire aux candidats de l’UMP :  » Dans les Alpes-Maritimes, vos amis, cela ne va pas très fort avec la justice…  » Qu’est-ce qu’on va faire de cette campagne ? Veut-on dégoûter les gens ? Je n’ai rien à me reprocher. Je suis net et clair et les gens le savent. »

Propos recueillis par Michel Gairaud et Rafi Hamal

Ecoutez en permanence l’intégralité de cet entretien diffusé le 23/01/20A, sur le www.leravi.org. Et retrouvez en direct la Grande Tchatche sur le 88.8 FM, le samedi 27 février à 11 heures avec Laurence Vichnievsky, tête de liste en Paca d’Europe Ecologie.

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