Moi, Inès de la Fressange, Top of ze peuple

février 2020 | PAR Frédéric Legrand
Adepte fervent (et secret) du chic parisien, le Ravi a gratté une invit’ pour la soirée de lancement (enfin !) du Journal d’Inès, le magazine de la plus célèbre top model et créatrice française que TOUT LE MONDE attendait. Ambiance dans son célèbre mas de Tarascon.

« Ding-ding-ding-ding-ding-ding ! Bon j’ai pas de verre ni de fourchette sous la main alors je fais la cloche moi-même, hin hin hin hin. Nan sérieusement… Chères copines, chers amis, chère famille, cher Denis (1), cher Christian (2), tu es là en voisin, chères amies de Elle, chers tous et toutes. Alors d’abord je voulais m’excuser pour le bazar dans la propriété : depuis qu’une cour d’appel m’a obligée à démolir les deux tiers des 100 m² d’extension du mas sous prétexte que c’est un domaine classé et que j’avais pas demandé de permis (3), il me reste encore 400 m² mais j’ai pas encore bien tout réorganisé les meubles… D’ailleurs si vous avez des décorateurs dans votre entourage hein, hin hin hin. Allez, comme on dit au cadre noir de Saumur : en avant, calme et droit (4) !!

C’est un vrai bonheur, un vrai bonheur de vous avoir autour de moi ce soir, pour l’aboutissement d’un compagnonnage, d’une amitié avec une grande famille, la grande famille de Elle. Ma première cover de mannequin a été dans Elle. Mes premières cover avec mes enfants, toujours dans Elle. Mon premier succès international en librairie, La Parisienne, co-écrit avec une journaliste de Elle, ma chère Sophie (5), on fête les dix ans de ce carton cette année avec une réédition actualisée, comme je t’aime ma Sophie… Ma première newsletter, gérée par la régie publicitaire de Elle. Et aujourd’hui, Le journal d’Inès, 152 pages tout autour de moi, avec mes coups de cœur, mes amies, mes conseils, même mes étiquettes dessinées par mes soins pour décorer vos cadeaux, ce journal, toujours rédigé par les équipes de Elle et boosté par sa régie pub ! Haaa Christian (2), je te vois sourire, depuis que Karl (6) nous a quittés, tu as hérité de son esprit caustique ! Tu te dis que comme Denis est le patron de la holding de Elle depuis 2011, ça doit un peu aider. Alors j’ai envie de te dire oui oui mais non !! Ma première couverture ça remonte à 1975, alors si quelqu’un a de l’influence sur Elle, c’est plutôt moi !

Mais vous n’avez plus rien à boire là, faut vous ménager, je suis juste au début, hin hin hin. Chantal (7) ? Chantââââl ? Mais Denis pourquoi tu vois ça directement avec le traiteur ?? Ha mais oui j’oublie toujours que j’ai plus de gouvernante non plus, ça a beau faire cinq ans qu’elle est partie je m’en suis pas remise. Quoi, pendant trois ans tu paies quelqu’un 1 560 € par mois pour « veiller sur le mas, sa piscine et son parc de 9 hectares, chercher les parents, les enfants, les amis à la gare d’Avignon pendant les vacances et les week-ends, faire le ménage dans la maison de 280 mètres carrés, les courses au supermarché, la cuisine pour les VIP (8) », que tu lui proposes d’être auto-entrepreneuse, que tu ne lui déduis que 350 € pour le loyer d’un mobil home sur la propriété, et on t’accuse de travail dissimulé et de licenciement abusif ?!? Heureusement on est arrivé à une transaction avec Chantal, ça m’aurait fait saigner le cœur d’aller encore au tribunal, tellement vulgaire.

« On passait pour un cerveau » Inès de la Fressange

Mais je m’éparpille là, revenons au SUJET du JOUR : mon Journal d’Inès, VOTRE journal d’Inès chères amies d’Elle. Qu’est-ce qui fait qu’on peut faire tout un journal, 152 pages, sur une seule personne ? Eh bien tout simplement que cette personne existe grâce aux talents d’autres. Sans Olivier Toscani qui a su voir en moi un mannequin photogénique, je n’aurais jamais percé dans ce métier. Avec mon mètre-quatre-vingt-un et mes 57 kilos, « j’avais les cheveux courts, très peu de maquillage, et j’étais maigre comme un clou, alors que les mannequins étaient plutôt blondes surfeuses californiennes ou suédoises (9) ! ». Mais j’étais « très chic très gouaille, une nouvelle Arletty  » (10). Même si d’accord, les origines populaires, ça c’est pas moi : famille de haute noblesse depuis le XIVe siècle s’il vous plaît. Mais ça aussi je m’en fous, ou en tout cas je fais comme si je m’en fous.

J’ai été la première mannequin à marcher comme je voulais sur les podiums, à rire, à jeter des accessoires par dessus bord, à faire des clins d’œil, à parler au public. Parce que le mannequinat, pardon mais c’est un peu vain quand même, « les gens autour, les créateurs mais aussi les maquilleuses, les coiffeuses, sont tous plus créatifs que le mannequin (9) ». « Il suffisait de dire un truc un peu normal et on passait pour un cerveau (11) ». C’est pour ça que je suis devenue créatrice : chaussures, vêtements, accessoires, rien ne me résiste ! Là aussi, votre aide a été décisive : quand mes associés m’ont virée puis interdit d’utiliser mon nom, « je n’avais plus que mes Assedic. J’étais à découvert. Bon, je ne mourrais pas de faim, j’avais un appartement. Mais j’ai vu ce que c’était que d’attendre à l’ANPE (12). » Grâce à vous, j’ai pu continuer à exister, et comme un personnage de Zola, j’ai réussi à me redresser. Il y a sept ans, après plus de vingt années de combat, j’ai retrouvé l’usage de mon nom !

Dans ces nouvelles aventures, comme dans mes années de mannequinat, je fais de la méta-mode : je surjoue le détachement, la grande tige fofolle, l’élégance parisienne contemporaine mais intemporelle, et ce faisant la mode me fait mon beurre quand même : ma marque a une valeur estimée à 140 millions d’euros (13) ! Et malgré ça « Inès ne serait pas Inès si elle n’était pas en roue libre (10) ! ». Qui mieux que moi peut dire élégamment tout et son contraire sur tout ? D’un côté « je ne comprends pas cette obsession selon laquelle il faut avoir un avis sur tout (14) », d’un autre c’est exactement ce que je fais dans les 152 pages de mon magazine ! D’un côté je trouve « dommage, ces enseignes où tout le monde achète la même chose. Qu’on soit dans un centre commercial à Arles ou à Avignon, eh bien, c’est identique, alors que ces villes sont deux mondes en elles-mêmes (14) ! », d’un autre j’en suis à une quinzaine de collab’ avec Uniqlo ou les Galeries Lafayette ! Mais ?? Qui est donc ce jeune homme aux bras levés qui mixe si bien bonnet rouge provençal et descente de lit ?? Approchez, approchez, on va faire une collection capsule ! »

Frédéric :
Bonnet le Slip Français x le Ravi, T-Shirt Batman x Neil Adams, création DC Comics pour Carrefour, hoodie Soixante-quatre by 64, caleçon H01 Cinder by HOM. Eclairage Lexman by Weldom. Musique : Casanova par the Divine Comedy, special courtesy of Neil Hannon. Réalisation : le Ravi talent agency. Conseiller stylisme et make up : Michel Gairaud.