A présent, passer au futur

avril 2009

Cette année, cela fait 20 ans que les chantiers navals ont fermé leurs portes. La ville peine toujours à relever la tête. Et à trouver le bon équilibre pour construire l’avenir sans renier son passé. Il est devenu l’emblême de la ville. Celui du glorieux passé industriel et ouvrier des chantiers navals d’où sortaient paquebots et cargos transocéaniques. Depuis 1986, le pont levant, classé à l’inventaire des monuments historiques, reste dressé vers le ciel. Sa tranformation en belvédère touristique s’achève prochainement. Une décision d’Arthur Paecht, l’ex-maire UMP pourtant souvent accusé d’avoir voulu faire table rase du passé. « Le pont tombait en ruine, s’enfonçait de dix mètres, présentait un danger, explique-t-il. On m’a dit « il faut le détruire ». On m’a même fait le calcul de ce qu’aurait rapporté la ferraille. J’ai refusé. » Le docteur Paecht n’a pas eu la même prévention pour d’autres bâtiments tout aussi historiques, mis à terre pour laisser place à des palmiers ou à des résidences.

Cette année, cela fait 20 ans que les chantiers navals ont fermé leurs portes. La ville peine toujours à relever la tête. « J’ai voulu faire un trait sur une mentalité centenaire ici qui consiste à ne rien faire, à laisser tout s’écrouler puis tendre la main pour avoir des subventions. J’ai changé la Seyne-sur-Mer », se félicite Arthur Paecht. Sa potion libérale – baisse des impôts, multiplication des programmes immobiliers privés – n’a pas convaincu les Seynois qui lui ont préféré un maire socialiste, Marc Vuillemot, allié au PCF, longtemps maître incontesté des lieux (cf entretien page suivante). Gouverner la deuxième ville du Var n’est pas un cadeau. Le chômage y frôle les 20 %, les finances y sont exsangues au point que la mise sous tutelle de la commune est parfois envisagée.

Paradoxe : le nouveau maire risque de n’avoir guère d’autres moyens, au moins durant la première partie de son mandat, que d’inaugurer les projets initiés par son prédécesseur : bientôt le fameux pont levant, cet été l’hôtel trois étoiles, plus tard l’arrivée de nouveaux yachts dans le port de plaisance… Car la Seyne-sur-Mer, et cela ne date pas d’aujourd’hui, est riche en contrastes. Il y a un monde entre les quartiers des Sablettes ou de Tamaris au charme suranné du tourisme balnéaire de la fin du 19ème siècle, et les HLM de la cité Berthe enclavée à l’entrée de la ville. Ses habitants doutent que la nouvelle réhabilitation urbaine change en profondeur leur vie.

Regarder en avant, sans oublier le passé. Remettre en mouvement la ville, sans en exclure les habitants les moins fortunés, ceux qui l’ont construite et ceux qui lui donnent toujours son identité populaire. Trouver les leviers pour relancer l’économie sans vendre au plus offrant le moindre mètre carré. Jouer la carte du tourisme sans céder aux sirènes de l’argent facile et du développement « périssable » selon le contre-modèle de la Côte d’Azur. Les défis à relever ne sont pas minces. La Seyne-sur-Mer, qui espère repasser au dessus du seuil symbolique des 60 000 habitants, a un atout méconnu : dans un Var vieillissant, c’est l’une des villes les plus jeunes du département…

Michel Gairaud

Au sommaire du « Ravi crèche à la Seyne-sur-Mer » dans le numéro 62, daté avril 2009

Page 6 ■ Entretien avec le maire, Marc Vuillemot ■ Jeunes : la fin du mortel ennui ?

Page 7 ■ Anru : Un projet Berthe et méchant ? ■ Le roi Arthur vassal des promoteurs

Page 8 ■ Tribune : la Seyne en quête d’avenir ■ Reportage : le roi du pétrole

Page 9 ■ Les chantiers de la lune ■ La rupture dans la continuité ■ Une ville en état de siège ?

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