Confusion des guerres

octobre 2004

Les cérémonies du débarquement dans le Var se voulaient un hommage collectif aux troupes coloniales venues libérer la Provence en août 1944. Las ! Une fausse note a entaché les célébrations de Saint-Raphaël, lors de la cérémonie du souvenir organisée le 16 août. En effet, à l’issue de la cérémonie publique organisée sur le port, le cercle algérianiste de Saint-Raphaël avait convié ses adhérents à une cérémonie privée, sur le même lieu… public. Jordan Pouille, journaliste à Var matin, couvre l’événement et constate la présence de militants du Front National, ainsi que celle des élus du même parti au premier rang, Marie-France Stirbois en tête, « venue représenter ses électeurs ». Le mélange des genres déplaît fortement aux élus communaux qui quittent les lieux. Le journaliste parle « d’une cérémonie du souvenir [qui] prend vite des allures de meeting politique ». En réaction, le cercle algérianiste de Hyères se plaint de l’article « à la fois mensonger, diffamatoire et provocateur ».

Gisèle Ambrosino, du collectif aixois des rapatriés, était présente et « n’a rien vu de spécial », même si elle reconnaît s’être un peu éloignée de la manifestation. Pour elle, rien d’anormal à la présence du Front National : « ils sont élus comme les autres. Pourquoi généraliser, ce ne sont pas tous des barbares. Et puis, il y avait tous les élus, alors dans ce cas, comment on fait ? » Et de contester le caractère politique des tracts distribués, « qui reproduisaient les paroles du dernier album du chanteur Jean-Paul Gavino ». Chanteur « identitaire », lui-même pied-noir, Gavino célèbre l’Algérie française dans ses chansons, et se produit un peu partout en France. Contacté par Le Ravi, Jordan Pouille voit un message politique dans ces chansons (« son disque est en vente sur le site du MNR »), mais confirme l’appartenance au FN des jeunes « tracteurs », munis ce soir-là d’un brassard bleu blanc rouge. Le Cercle algérianiste n’a peut-être pas voulu la présence du FN, mais n’a pas voulu non plus intervenir « par crainte de troubles à l’ordre public », d’après sa vice-présidente. Pour Jordan Pouille, ces incidents et les réactions qui ont suivies « sont contre productifs pour le mouvement pied-noir lui-même, qui cherche par ailleurs sincèrement à se démarquer de l’extrême droite ».

EB

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