Edito

janvier 2006
Les temps changent

Bien sûr la période est propice aux déclarations d’intentions. Mais l’accumulation, au cours des premières journées de cette nouvelle année, d’autant de faits inattendus reste saisissante. Il y a eu, d’abord, Christian Kert, député des Bouches-du-Rhône désormais célèbre pour avoir défrayé la chronique, l’an dernier, en présentant un amendement sur « le rôle positif de la présence française » dans ses anciennes colonies. « Je regrette mon initiative, a-t-il affirmé à l’AFP, le 2 janvier. Il est inutile de remuer sans cesse le passé. La France n’a pas toujours été reluisante. Et le droit de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes est sacré. »

Le même jour, Jacques Peyrat, contestant l’efficacité du couvre feu pour assurer durablement le calme dans les banlieues, a été catégorique : « Cessons les amalgames stériles entre immigration, insécurité et islam », a déclaré le maire de Nice en posant la première pierre d’une nouvelle mosquée au centre ville.

Le voyage express en Inde d’Hubert Falco, le 3 janvier, a lui aussi surpris. Surtout lors de son immersion – en costume cravate – dans les eaux sacrées du Gange « pour interpeller l’opinion publique ». Le motif de ce coup d’éclat du maire de Toulon ? Protester, aux côtés de Greenpeace, contre le départ du Clémenceau loin de l’Arsenal et de la France afin d’être désamianté. « Cela fait courir de graves et d’inutiles risques aux travailleurs indiens », a souligné l’ancien ministre les larmes aux yeux.

Au dernier étage d’un autre « paquebot » – le siège du Conseil général des Bouches-du-Rhône – la scène décrite par La Provence le 4 janvier ne manque pas non plus de piquant : les embrassades de l’UMP Jean-Claude Gaudin avec son rival socialiste Jean-Noël Guérini. Le premier ayant sollicité un rendez-vous au second pour mettre un terme au conflit sur les solutions nécessaires afin de fermer la décharge à ciel ouvert d’Entressen. « L’incinération est un procédé désuet et dangereux pour la santé publique, a affirmé le maire de Marseille. J’ai étudié le plan du département basé sur la valorisation et le recyclage des déchets. Incontestablement, il est meilleur que le nôtre. »

L’adoption, à l’unanimité, par les conseils municipaux des villes d’Allauch, de Marignane, d’Antibes, et de Toulon, de délibérations mettant en ?uvre sans tarder de vigoureux programmes de constructions de logements sociaux a désappointé les analystes les plus aguerris. Ces derniers étant – il est vrai – tous occupés à décrypter le sens caché de la déclaration solennelle, le 5 janvier, de la Chambre régionale de commerce et d’industrie : « Le développement de nos entreprises ne peut plus reposer, dans nos territoires, sur un accroissement permanent des inégalités et de la précarité. La justice sociale, le partage des richesses, doivent être en permanence au centre de nos choix de gestion. »

Dernière annonce: un préavis de grève, reconductible et unitaire, à partir du 27 janvier dans toute la région à la SNCF auquel s’associent, localement, les syndicats de la régie des transports marseillais. Enfin un peu de sérieux dans cette avalanche d’événements fantaisistes ? Loin s’en faut hélas. Car le cahier revendicatif détonne également. Au premier chef, les grévistes réclament en effet « la gratuité des transports ainsi que l’amélioration de la fréquence et de la qualité des dessertes pour les usagers… »

Vous ne croyez pas une ligne de tout ce qui précède ? Bravo ! Les fêtes sont bel et bien terminées. Pas de doute, vous avez dessoûlé. Vous êtes à nouveau parfaitement lucide. Mais ne soyez pas trop tristes : trinquons ensemble et meilleurs v?ux pour 2006.

Le Ravi

Infos & satire seront au rendez-vous du prochain numéro du Ravi, en kiosque dès le vendredi 3 février ainsi que dans votre boîte aux lettres, ou celle de vos amis, en remplissant le bulletin ci-dessous.

Bien sûr la période est propice aux déclarations d’intentions. Mais l’accumulation, au cours des premières journées de cette nouvelle année, d’autant de faits inattendus reste saisissante. Il y a eu, d’abord, Christian Kert, député des Bouches-du-Rhône désormais célèbre pour avoir défrayé la chronique, l’an dernier, en présentant un amendement sur « le rôle positif de la présence française » dans ses anciennes colonies. « Je regrette mon initiative, a-t-il affirmé à l’AFP, le 2 janvier. Il est inutile de remuer sans cesse le passé. La France n’a pas toujours été reluisante. Et le droit de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes est sacré. »

Le même jour, Jacques Peyrat, contestant l’efficacité du couvre feu pour assurer durablement le calme dans les banlieues, a été catégorique : « Cessons les amalgames stériles entre immigration, insécurité et islam », a déclaré le maire de Nice en posant la première pierre d’une nouvelle mosquée au centre ville.

Le voyage express en Inde d’Hubert Falco, le 3 janvier, a lui aussi surpris. Surtout lors de son immersion – en costume cravate – dans les eaux sacrées du Gange « pour interpeller l’opinion publique ». Le motif de ce coup d’éclat du maire de Toulon ? Protester, aux côtés de Greenpeace, contre le départ du Clémenceau loin de l’Arsenal et de la France afin d’être désamianté. « Cela fait courir de graves et d’inutiles risques aux travailleurs indiens », a souligné l’ancien ministre les larmes aux yeux.

Au dernier étage d’un autre « paquebot » – le siège du Conseil général des Bouches-du-Rhône – la scène décrite par La Provence le 4 janvier ne manque pas non plus de piquant : les embrassades de l’UMP Jean-Claude Gaudin avec son rival socialiste Jean-Noël Guérini. Le premier ayant sollicité un rendez-vous au second pour mettre un terme au conflit sur les solutions nécessaires afin de fermer la décharge à ciel ouvert d’Entressen. « L’incinération est un procédé désuet et dangereux pour la santé publique, a affirmé le maire de Marseille. J’ai étudié le plan du département basé sur la valorisation et le recyclage des déchets. Incontestablement, il est meilleur que le nôtre. »

L’adoption, à l’unanimité, par les conseils municipaux des villes d’Allauch, de Marignane, d’Antibes, et de Toulon, de délibérations mettant en ?uvre sans tarder de vigoureux programmes de constructions de logements sociaux a désappointé les analystes les plus aguerris. Ces derniers étant – il est vrai – tous occupés à décrypter le sens caché de la déclaration solennelle, le 5 janvier, de la Chambre régionale de commerce et d’industrie : « Le développement de nos entreprises ne peut plus reposer, dans nos territoires, sur un accroissement permanent des inégalités et de la précarité. La justice sociale, le partage des richesses, doivent être en permanence au centre de nos choix de gestion. »

Dernière annonce: un préavis de grève, reconductible et unitaire, à partir du 27 janvier dans toute la région à la SNCF auquel s’associent, localement, les syndicats de la régie des transports marseillais. Enfin un peu de sérieux dans cette avalanche d’événements fantaisistes ? Loin s’en faut hélas. Car le cahier revendicatif détonne également. Au premier chef, les grévistes réclament en effet « la gratuité des transports ainsi que l’amélioration de la fréquence et de la qualité des dessertes pour les usagers… »

Vous ne croyez pas une ligne de tout ce qui précède ? Bravo ! Les fêtes sont bel et bien terminées. Pas de doute, vous avez dessoûlé. Vous êtes à nouveau parfaitement lucide. Mais ne soyez pas trop tristes : trinquons ensemble et meilleurs v?ux pour 2006.

Le Ravi

Infos & satire seront au rendez-vous du prochain numéro du Ravi, en kiosque dès le vendredi 3 février ainsi que dans votre boîte aux lettres, ou celle de vos amis, en remplissant le bulletin ci-dessous.

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