Elections : décomposition, recomposition

novembre 2006
A gauche comme à droite, le paysage politique aixois est sans dessus dessous.

16rv35trax_pezet_medve.jpg « Le PS se livre à une guerre interne de forte intensité, constate Cyril Di Méo, conseiller municipal Vert. Cet affrontement est stérilisant pour mener un travail efficace contre le système Joissains. » On résume : Alexandre Medvedowsky, 47 ans, conseiller municipal, conseiller général, aimerait conquérir la ville. Mais Michel Pezet, 63 ans, vice-président du Conseil général, ancien président du Conseil régional, a rédigé cet été une « lettre aux Aixois » confirmant son ambition de se présenter aux prochaines municipales avec le parrainage de Jean-François Picheral, sénateur et ancien maire d’Aix. « Les militants voteront de façon indicative et le national tranchera. Que le meilleur gagne ! », lance Michel Pezet.

Pour y voir plus clair, il faudra attendre après les présidentielles et les législatives. Alexandre Medvedowsky tentera de se faire élire député en affrontant Maryse Joissains dans la 14ème circonscription. Façon de prendre, en cas de victoire, une option sur son rival socialiste ? « Il n’y a rien d’anormal à ce qu’une ville comme Aix suscite des ambitions politiques, souligne Alexandre Medvedowsky. Déjà en 1989, le secrétaire d’Etat Thierry de Beaucé avait tenté un « parachutage » à Aix. Aujourd’hui, c’est le cas d’un élu marseillais. » Reproche que Michel Pezet, avocat de profession, juge inopportun : « Oui, j’ai été député à Marseille. Tout le monde s’en moque à Aix où je plaide presque quotidiennement, et où j’enseigne depuis des années. C’est une ville ouverte, positive, qui a voté « oui » lors du dernier référendum car les gens y croient en l’avenir. » Or Alexandre Medvedowsky a fait campagne pour le « non »…

« On ne veux pas être les arbitres ni le punching-ball des affaires internes du PS, affirme Lucien-Alexandre Castronovo, actif conseiller municipal Radical de gauche. Même si Pezet n’est pas élu à Aix, même si Medvedowsky est souvent absent des conseils municipaux, ils ont d’indéniables qualités. Nous tentons avant tout d’être le point fixe du tourbillon politique qui agite le monde politique aixois. » Refusant les tentations hégémoniques des socialistes, Verts et PRG se sont associés pour fonder un groupe autonome. Ils mènent, de fait, l’opposition la plus virulente à Maryse Joissains. « A la communauté urbaine, c’est pire, dénonce Cyril di Méo. Le conseil communautaire ressemble à une assemblée soviétique des années 30 où l’on vote à main levée. Les socialistes n’ont même pas voté contre le budget. » Les Verts ont déjà annoncé leur intention de présenter une liste aux municipales en 2008. Plus à gauche, autour du « collectif unitaire en pays d’Aix », dans le sillage du « non » au référendum, une liste anti-libérale pourrait aussi voir le jour.

A droite, le paysage politique est tout autant agité. François-Xavier de Peretti, 3ème adjoint UDF de Joissains, est devenu son opposant le plus incisif. « L’Union pour Aix » (UPA), qu’il a fondée pour élargir ses soutiens, est déjà entrée en campagne. « L’UDF représente moins de 25 % de l’UPA, affirme-t-il. Cette ville a toujours été « radicale », au centre mais pas « mou ». Je ferais bien, au second tour, une ouverture au centre gauche. » La majorité Joissains est née, en 2001, de la fusion de trois listes de droite ayant obtenu quasiment le même score. « C’était une connerie car cette union s’est faite sans discussion sur le fond, regrette François-Xavier de Peretti. Le divorce est arrivé très vite. » Et la fronde se propage : fin septembre, des adjoints UMP menés par Bruno Genzana, ont lancé les « ateliers de l’avenir Aix 2008 ». Mme le maire a haussé le ton et la dissidence s’est tue. Provisoirement ? « En cas de défaite de Joissains aux législatives, ils espèrent être les repreneurs d’une entreprise en faillite », s’amuse de Perreti. En 2008, avec sans doute une liste du Front national, une triangulaire ou une quadrangulaire au second tour est très probable. « Sous la pression, il n’est pas exclu qu’Aix s’affranchisse de la bipolarisation politique dans laquelle on cherche à nous enfermer », pronostique Lucien-Alexandre Castronovo. « Une alliance avec le centre droit n’est pas d’actualité », juge Alexandre Medvedowsky. « François-Xavier de Peretti mène la danse avec intelligence au conseil municipal. Aix n’est pas immense. On se retrouve donc parfois dans les mêmes restaurants », plaisante de son côté Michel Pezet.

Michel Gairaud

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