En bref…

juin 2010

Un « ex » d’Action Directe avec Europe Ecologie. L’info, sous embargo, embarrasse plutôt les écolos fédérés par Daniel Cohn-Bendit, plus empressés d’accueillir Corinne Lepage et les troupes du centre droit que les louanges d’un ancien terroriste. Car après l’adhésion de Jean-Marc Rouillan au Nouveau Parti Anticapitaliste, c’est au tour de son camarade d’Action Directe, George Cipriani, de faire son retour dans le débat politique. Actuellement détenu à la Maison Centrale d’Ensisheim, condamné à perpétuité pour l’exécution du PDG de Renault et d’un ingénieur de l’armement, sa dernière demande de semi-liberté a été rejetée en août 2009 par la chambre spéciale de l’application des peines de la cour d’appel de Paris bien qu’il soit physiquement brisé par 23 années de détention. Motif ? Comme Rouillan, même s’il n’appelle plus à prendre les armes, il n’a pas renié la légitimité de la lutte contre le capitalisme qu’il menait dans les années 80. Georges Cipriani n’a pas pris sa carte à Europe Ecologie mais exprimé par écrit son « adhésion morale ». Ce que confirme son avocat, Jean-Louis Chalanset. Cipriani s’était déjà engagé, dans sa jeunesse, dans des luttes écologistes…

Bompard débordé à son « extrême-extrême » droite. Les Identitaires niçois ont patiemment attendu leur heure avant d’annoncer qu’un des leurs serait tête de liste pour La Ligue du Sud dans les Alpes-Maritimes. La montée en puissance de ces « eurorégionalistes » d’extrême-droite inquiète les transfuges du Front National ralliés à Jacques Bompard. Elle illustre aussi le manque de cohérence du projet politique du maire d’Orange confronté, par ailleurs, à un autre problème : le ralliement récent de cadres du FN furieux de ne pas figurer en bonne position sur les listes lepénistes. Dernier exemple en date : dans le Var, Joël Houvet, secrétaire départemental FN de la septième circonscription (La Seyne) intègre la liste conduite par Dominique Michel, ancien adjoint de Jean-Marie le Chevallier. Houvet apportant dans ses bagages la dernière permanence FN du Var, Bompard a accueilli cette arrivée les bras ouverts. Mais, en privé, il ne cache pas ses réticences : ces renforts (d’autres sont attendus) compromettent le projet d’améliorer son implantation locale en « recentrant » son image.

Parce qu’il le vaut bien. L’UMP reste toujours aussi attachée à ses traditions. Les élections approchant, les députés UMP s’activent naturellement sur la sécurité, thème de campagne préféré de leur patron. En janvier, c’est Eric Diard, élu des Bouches-du-Rhône, qui a été désigné pour avoir une idée de génie. Résultat : une proposition de loi « visant à allonger le délai de prescription de l’action publique en matière criminelle. » De 10 à 20 ans, en l’occurrence. Raison invoquée : « L’évolution des enquêtes judiciaires qui recourt largement aux techniques scientifiques, comme les analyses ADN par exemple, permet aujourd’hui de retrouver les auteurs de crimes plus de dix ans après les faits. L’actualité a mis en lumière récemment l’inadéquation de notre loi pénale en matière criminelle. » Laquelle ? L’affaire Grégory ? Encore un fan de la série « Cold Case »…

Motodidacte s’emballe. Petite vacherie de campagne de Christian Estrosi, maire UMP de Nice (Nice Matin, 24/11) : « On traîne un énorme boulet au pied : celui d’un Conseil régional qui nous méprise et qui, sur toutes les grandes politiques publiques, préfère apporter son soutien à ses copains. » Le ministre délégué aux licenciements a la mémoire courte : en octobre 2008, lui aussi se réjouissait de compter parmi ses « copains » un certain Michel Vauzelle, président socialiste de la Région et candidat à sa succession. Célébrant un « mariage » (Nice Matin, 28/10/08), les deux hommes avaient alors scellé un accord sur le cofinancement de différents projets, dont ceux pharaoniques du sarkozyste, Opération d’intérêt national dans la plaine du Var et ligne 2 de son tram en tête. A l’époque, « motodidacte » avait les poches vides et n’était pas pressé par une échéance électorale…

Private Joke. Jean-Marie Le Pen ne fait plus recette. Seulement 600 personnes se sont déplacées au Palais des congrès de Toulon (sur une jauge de 800) dimanche 24 janvier pour écouter le leader du Front national et candidat aux régionales ressasser ses habituelles divagations (Var Matin, 25/01). De la traditionnelle « l’immigration massive est le phénomène historique le plus grave que la France ait connu, beaucoup plus grave que les grandes invasions, les guerres, les épidémies, les famines » (il a oublié mai 68, le socialisme ou la résistance) à la plus actuelle « Mohammed est le prénom le plus fréquemment donné aux nouveau-nés à Marseille. » C’est pourtant pas pire que les Nicolas, Etienne, Patrick, Stéphane, Michel, Jean-François et autres, particulièrement tartes, Kevin et Brandon.

Coppola réchauffe les écologistes. Tête de liste du Front de gauche, Jean-Marc Coppola a réussi à dégeler les relations parfois tendues pendant cette campagne avec les écologistes. Les femmes du staf d’Europe Ecologie ont senti comme les prémisses d’un réchauffement climatique en découvrant le tract du Conseiller régional sortant. Cadré en gros plan, le fier et viril cheminot communiste y fixe l’objectif en proclamant dans une « bulle » : « nous allons redonner envie ». De quoi faire rougir les militantes les plus vertes…

Le canard du mois à aider. En ce début d’année, Regards, mensuel de la gauche critique, se retrouve dans la même panade que le Ravi fin 2009. A une échelle « légèrement » supérieure : si elle ne rassemble pas 200 000 euros d’ici le 15 février, la Scop qui l’édite devra déposer le bilan. Après six ans, ce serait con de se priver de ses 60 pages d’analyses, de reportage, de chroniques, etc. Un appel à soutien a été lancé. Pour tout savoir (en particulier où envoyer votre argent) : www.regards.fr.

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