La campagne est sur les rails !

juin 2010
Retards, coût, grèves, gratuité, alternative au « tout voiture »... Les TER « transportent » les élections régionales. La majorité sortante - l'alliance du PS, du PCF et des Verts - a beaucoup investi dans les trains régionaux. Pourtant, son bilan est mitigé. La faute à qui ? A la SNCF et à l'Etat qui ne jouent pas le jeu selon Michel Vauzelle... Et maintenant ? Qui propose quoi pour changer la donne lors du prochain mandat ?

« Il y a une vraie faillite du transport régional en Paca. » (1) Thierry Mariani ne fait pas dans la nuance. Tête de liste de l’UMP en Paca aux régionales, il a très symboliquement choisi de démarrer sa campagne en parcourant la région, de Nice à Avignon, dans un TER. On ne savait pas le député du Vaucluse si attaché aux transports en commun. Qu’importe ! Lui et son équipe pointent des données bien réelles : près de16 000 TER annulés en 2009 dont plus de la moitié pour cause de grève, soit 40 trains « évaporés » par jour ; 15 % des TER affichant plus de 5 minutes de retard à l’arrivée ; moins de 6 % de hausse de fréquentation en 2009, c’est-à-dire la plus petite progression de toutes les régions françaises (2)…

« Monsieur Mariani fait une très grosse faute en accusant la Région du dysfonctionnement des TER, s’insurge Michel Vauzelle. Notre volonté politique, c’est de lutter contre le tout voiture par souci écologique, pour le bien vivre des habitants et pour le développement économique. Nous continuerons à le faire. En réalité, le candidat de l’UMP dénonce sans s’en rendre bien compte le gouvernement qui réduit sans cesse le nombre de fonctionnaires et la direction de la SNCF qui diminue en permanence les cheminots. » (3) De fait, au cours des huit dernières années, ces derniers sont passés en Paca de 9 000 à 7 000 alors que le trafic a augmenté de 25 %.

Car la bataille du rail est d’abord celle des chiffres. Le président socialiste sortant du Conseil régional met en avant un bilan loin d’être négligeable : 3 milliards d’euros consacrés au réseau TER dont 1 milliard pour le renouvellement du matériel et l’amélioration des infrastructures, avec 8 nouvelles gares créées, 38 autres rénovées, 100 nouvelles rames acquises. Au final, alors que 290 trains régionaux circulaient en Paca en 1998, lorsque Jean-Claude Gaudin dirigeait la région, il y en a désormais 700 tous les jours. De politique le débat devient juridique : la Région a réclamé à la SNCF en 2008 6 millions d’euros de pénalités pour rupture de contrat. « Nous allons continuer à ouvrir de nouvelles lignes, à faire jouer la clause de pénalité financière si nécessaire, affirme Chistophe Castaner, conseiller régional socialiste. Guillaume Pépy, le patron de la SNCF, reconnaît lui-même que la régionalisation des TER les a sauvées. »

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Tous les partis en campagne s’emparent du sujet. Le Front de Gauche, conduit par le cheminot communiste Jean-Marc Coppola, réclame haut et fort la gratuité des transports régionaux. Mesure que Pierre Godard, candidat du NPA et des alternatifs, hisse également au rang de « priorité sociale et écologique ». Les Verts et la liste Europe écologie menée par Laurence Vichnievsky ne sont pas en reste. « Sur les 160 millions d’euros que la Région a investi dans les transports en 2008, 100 millions sont allés à la route, déplore Jean-Yves Petit, n°2 d’Europe écologie dans les Bouches-du-Rhône. Nous disons désormais : zéro euro pour la route et la LGV, tous les investissements pour les trains régionaux avec la création d’un syndicat mixte des transports. » Alliance écologique indépendante, Modem, UMP, chacun apporte son wagon au convoi : inter-modalité, ticket unique, billet à 1 euro, ouverture à la concurrence… L’extrême-droite, FN et Ligue du Sud, ne font pas exception. Leur souci ? Sécuriser les TER qu’ils décrivent, bien entendu, comme des coupe-gorges. La campagne est bel et bien sur les rails. A un train d’enfer…

Michel Gairaud

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