Paca très mal logé

juillet 2010
Une enquête de L’Expansion sur le mal logement en France place les métropoles de la région dans les cinq premières places. Une superbe contre-performance…

Premier (Nice), troisième (Marseille), cinquième (Toulon). Sur 28 villes (1) jaugées par L’Expansion en mai dans son enquête sur le mal logement en France (2), Paca réalise un joli tir groupé. Et une peu glorieuse performance.

Mais assez logique. Pour preuve, deux séries de chiffres de la Direction régionale de l’équipement datant de 2007, difficilement taxable de gauchisme, rappelées par Fathi Bouaroua, délégué régional de la Fondation Abbé Pierre. Première série : « 47 000 permis de construire ont été attribués en Paca, mais seulement 10 % concernaient le social. Construire est donc possible, mais on ne le fait pas pour ceux qui en ont besoin. » Deuxième série : « Il y a 240 000 mal logés potentiels dans la région, mais 235 396 logements vacants à cette date, dont 60 442 à Nice. » Sans compter ceux qui disposent de deux ou trois logements, comme un certain Christian Estrosi, ministre délégué aux licenciements et… maire UMP de Nissa la belle.

« Manque énorme de foncier », s’excuse quand même le sarkozyste dans L’Expansion. Egalement interrogée par le magazine économique, Arlette Fructus, adjointe au logement de Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire UMP de Marseille, reprend l’argument. Question de choix, insiste Fathi Bouaroua : « Le logement est progressivement passé d’un bien de nécessité, après la guerre, à un bien de spéculation. Alors que le logement social est subventionné à hauteur de 37 000 euros, l’investissement Cellier permet jusqu’à 80 000 euros de ristourne fiscale. Avec une seule obligation, louer pendant neuf ans. » Et d’ironiser : « On veut une France de propriétaires, alors que ça n’est pas un indicateur de progrès. L’Albanie en compte 99 %, la Suisse 37 % ! »

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Promis juré, les deux élus n’envisagent pas encore de faire de leurs villes des copies de Tirana. Toujours dans L’Expansion, Arlette Fructus, promet « 5000 logements par an, dont 1500 logements sociaux » pour solutionner le problème. Soit 30 %. « Prudence, tempère le responsable de la Fondation Abbé Pierre. Ils font aussi du logement social pour riche, qui coûte beaucoup plus cher et n’est accessible qu’aux classes moyennes. » Dommage, à Marseille, 70 % de la population est éligible au logement social pour pauvre.

A peu près comme à Nice, où Christian Estrosi, qui jure avoir fait du logement une de ses priorités, a eu une idée lumineuse : « Reconstruire la ville sur la ville et densifier l’habitat. » L’annonce laisse plus que dubitatif Robert Injey, conseiller municipal communiste. « Si on regarde le Plan local de l’habitat, il va falloir attendre 25 à 30 ans pour combler le retard. De son côté, le Plan local d’urbanisme annonce 41 emprises au sol réservées au social. Mais une volonté de cacher les pauvres : 36 sont prévues dans les quartiers populaires ou dans de futurs ghettos. »

A la décharge de « motodidacte », ses déboires sur ses logements de fonctions parisiens montrent qu’il ne maîtrise pas totalement la question du mal logement. Confondre un duplex de 55 m2 avec un bureau…

J-F P.

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