Philippe Carrese dans le sens du poil

juillet 2003

Philippe Carrese est un géant de la littérature, qui me toise d’un bon mètre et pourrait m’écraser de sa masse comme une mouche à merde sous la semelle en dérivé d’hydrocarbure de ses godillots (pointure 47). C’est dire le respect que je lui porte, quand l’on connaît ma lâcheté de cour d’école auprès des plus costauds que moi. Mais c’est sans trembler que j’exprime ici tout le bien que le lecteur en moi pense de sa prose : il me suffit d’être sincère. Car Philippe Carrese est non seulement mon cher confrère, mais mon ami et mon cousin. Et si on m’embête, il viendra vous taper !

Afin que nul n’ignore, rappelons que tu es l’inventeur des Nuls ! Nous raconterais-tu en quelques mots la genèse de cette extraordinaire aventure ?

Ho, ouiiii! Papiiii! Raconte nous quand tu étais plus jeune, la télé, tout ça ! Bon, mes enfants, d’abord, je peux déjà vous dire, qu’à l’époque (1983), la télé n’était déjà plus en noir et blanc. La télévision régionale était déjà très régionale. C’était le moyen idéal pour pratiquer la tactique du cheval de Troyes (NDLR : il s’agit ici d’une boutade tout ce qu’il y a de plus volontaire, et drôle. Précisons tout de même que le cheval est entré à Troie dès l’aube et non à Troyes dans l’Aube). Ça tombait bien, ils étaient déjà deux à Nice, j’ai fait le troisième ! Et après trois ans de déconnades ensemble, les deux autres sont repartis ! Et ils ont emporté le fonds de commerce ! Ha ?! Sans trop dire merci, d’ailleurs ! Ha, dis-moi, Papi, c’est pas très drôle, ce que tu racontes là ? ! Non, mais c’est la vie. Au départ, on était trois, Chantal Lauby, Bruno Carette et moi. On a inventé 25 heures d’émissions déconnantes comme on en avait pas beaucoup fait à la télé française jusque là ! Puis le rouleau compresseur de Canal Plus s’est mis en branle. Comme je préfère l’artisanat aux grands travaux publics, j’ai pas suivi la barque. Mais c’est une vieille histoire, une histoire pour vieux, non ? Pour vieux très vieux. Et puis, il faut faire gaffe à ce qu’on dit, le concept de « nul », ça appartient à Canal.

Comment es-tu finalement arrivé à l’écriture ?

Pour me faire des gonzesses, essentiellement. Je cherchais un moyen simple. Et quand tu réalises des films ou de la télé, ça te prend tellement de temps que tu as plus du tout l’occasion ni l’opportunité de draguer la gueuse. J’ai essayé avec mon premier bouquin, puis un jour j’ai observé comment Izzo faisait sa roulade avec les gonzesses, et ça marchait. Je me suis dit que j’allais continuer moi aussi. Bon, Izzo, son terrain de chasse à gonzesses, c’était plutôt la Camif et la gauche Malmousque. J’ai essayé d’élargir le cercle. Ce que je dis là n’est pas vulgaire, il s’agit du cercle de mes relations.

Dans ce monde qui court à sa perte, qu’est-ce qui te fait encore rire, ô, toi, chantre de l’overlittérature ?

Yasser Arafat qui fait ses mots croisés et qui remplit pas les bonnes cases, Georges Bush qui met la main au cul de Chirac à Evian, Tony Blair qui se prend pour Jimmy Page mais qui connaît que le mi majeur septième ! Raffarin me fait rire, surtout quand il fait rien. Et comme il fait jamais rien, c’est tordant. L’autre pitre aussi, sur son perchoir, le fils de l’autre, heu ! Debré, me fait rire. Les syndicalistes de tous poils m’amusent de moins en moins. Par contre, le parti socialiste (ou ce qu’il en reste ! Quelques éléphants, rhinocéros, fouines et rats dégoûts) me ferait plutôt pleurer.

J’ai chroniqué le mois dernier « Une petite bière pour la route » en l’appelant ton chef d’?uvre. Feras-tu pire sous peu ?

Bien pire! Le prochain s’appelle « une belle histoire d’amour ». Il sort en septembre chez Fleuve Noir. C’est une véritable boucherie, comme l’indique le titre.

Lis-tu tes confrères marseillais, où ne nous flattes-tu que parce que nos femmes sont belles et bon le vin de nos caves ? Vos femmes sont canons, ça, c’est vrai. Vos canons, j’en sais rien, je bois pas d’alcool. Et je lis très peu, c’est vrai aussi. Le dernier truc comique marseillais que j’ai lu, c’est les revendications syndicales des fonctionnaires de notre beau pays. Mais nous nagions en pleine fiction. Trop c’est trop, après, c’est plus crédible !

Le Ravi t’offre l’opportunité de dire pis que pendre de quelqu’un ( le rédac chef m’a garanti qu’il paierait les frais du procès ). Qui choisis-tu ?

Voilà, on va dire que c’est une devinette. Je déblatèrerai volontiers sur Robert. A vous de faire le tour des Robert !

Rappelons ici que tu dis du mal de tout le monde dans « Ze guide of ze Provence », pour ceux que cette question a amusés… D’ailleurs, mes questions t’ont-elles amusé ? Vas-y, sois franc, j’aime avoir mal !

Tes questions m’ont tout de même moins fait rire que les explications de Georges Bouche et de Colinne Powel sur les armes de destruction massive en Irak. Elles étaient de toutes façons plus drôles que l’attitude de carpette du gouvernement français à la fin de cette putain de guerre totalement illégale. Dommage que Bush s’appelle pas Robert.

Propos recueillis par Serge Scotto

Imprimer