Service de grève minimum

novembre 2007
Un petit tour… Redoutée ou espérée, la déferlante de défilés lors d’une rentrée sociale annoncée chaude bouillante n’a pas eu lieu. Bien sûr, le 18 octobre, la mobilisation des fonctionnaires contre la réforme des régimes spéciaux de retraites a été massive : entre 150 000 et 300 000 manifestants. Avec, comme d’habitude, les écarts abyssaux entre les chiffres de la police et ceux des syndicats. Devinette : qui a compté 50 000 ou seulement 7 300 personnes dans le cortège à Marseille ? 8 000 ou 1 500 à Toulon ? 4 000 ou 1 500 à Nice ? Il n’y a qu’à Avignon où tous s’accordent quasiment en recensant 3 000 à 2 500 participants… Les syndicats, minoritaires, souhaitant reconduire la grève n’y sont pas parvenus. Les régimes spéciaux seront donc réformés à la baisse. Sauf celui des parlementaires dont pourtant pas un seul représentant n’a fait grève. Etonnant, non ?

… et puis s’en vont… Mais en matière de relations sociales, c’est souvent l’éternel retour du même. Ce 20 novembre, la quasi-totalité des syndicats de la fonction publique, éducation nationale incluse, appellent leurs adhérents au débrayage. Objectif ? Protester contre la suppression de 11 200 postes dans les écoles et de 22 900 postes de fonctionnaires en 2008. S’agira-t-il là aussi d’un « temps fort » suivi d’un repli mou ? La loi sur le service minimum dans les transports terrestres ne s’appliquera qu’en janvier prochain. Mais l’heure semble déjà au service de grève minimum. Façon pour la plupart de patienter en attendant des lendemains qui chantent un peu plus. De prendre date dans l’espoir, pour les plus optimistes, que décembre, comme en 1995, ait un petit air de mai.

… avant de revenir ? Le rapport de force qui se joue dans la rue se prolonge désormais très souvent devant les tribunaux. Il y a tout juste deux ans, un conflit paralysait métro et bus à Marseille durant 46 jours. Les salariés de la régie publique des transports (RTM) refusaient que la gestion du nouveau tramway soit attribuée au privé (Veolia). Une grève qualifiée « d’illégale » par Jean-Claude Gaudin, numéro 2 de l’UMP. Le conflit s’est terminé par un jugement en première instance, confirmé en cour d’appel, inscrivant dans le droit français, l’opinion du sénateur maire de Marseille. Mais le 23 octobre, la cour de cassation a jugé, in fine, que le mouvement social des traminots était légal. Lesquels attaquent à leur tour en justice pour obtenir l’annulation du marché du tram. Les avocats ne vont plus avoir le temps de se mettre en grève…

le Ravi

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