Un débat « ravissant » à Forcalquier

septembre 2010

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Jusqu’ici, tout va bien ?

En mai dernier, le Ravi a réuni les maires de Forcalquier et de Manosque pour un débat public. Les deux édiles sont repartis bras dessus, bras dessous, d’accord sur le fait que les deux villes sont complémentaires, notamment en matière culturelle. Mais l’ouverture de la maison des métiers du livre n’est-elle pas le symbole que Forcalquier est le véritable centre littéraire du département, tandis que Manosque se contente d’être une vitrine une fois par an, lors des Correspondances ?

Un débat organisé dans le cadre des festivités pour l’ouverture de la maison des métiers du livre, animé par le rédac chef du Ravi, avec notamment Pierre Coste, président d’Editer en Haute Provence.

Entrée libre, le samedi 18 septembre 2010 à 16 heures, à Forcalquier (04), Bar de la Fontaine

Nous diffusons, ci-dessous, l’article à l’origine de cette rencontre…

Deux hôtels dédiés au livre focalisent les débats sur la culture à Manosque et Forcalquier dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Atmosphère et gros business

Un lieu symbolise à lui seul l’état de la culture à Manosque : l’hôtel Voland. Beau bâtiment mais en rénovation, il héberge le bureau des Correspondances. Depuis plus de dix ans, quelques jours en septembre, le festival fait de la ville un carrefour incontournable de la littérature. L’Hôtel abrite des résidences d’artistes, accueille dans ses caves des manifestations autour de la littérature sonore. Un lieu appelé à se développer pour devenir un véritable « pôle du livre ». Sauf que.

Propriété d’une société civile immobilière, où l’on retrouve le président des Correspondances, le bâtiment est en vente. La mairie veut l’acquérir mais sans parvenir à s’accorder sur le prix. En attendant, le bail des occupants est prolongé à titre précaire. Coïncidence malheureuse : les éditions Le Bec en l’Air, installées à Voland, déménagent pour rejoindre… la Friche de la Belle de Mai à Marseille. La municipalité affirme haut et fort ne pas remettre en question la vocation culturelle du lieu.

« Le maire est convaincu de l’importance des Correspondances qu’il soutient sans faillir, juge François Longchamp, président de l’Association Hôtel Voland promouvant les activités autour du livre. Mais la culture locale, c’est plutôt le béton. » Roland Aubert, conseiller d’opposition PS, attaque bille en tête : « Bernard Jeanmet a déclaré un jour qu’il préférait Giono à Pagnol. Je suis sûr qu’il n’a jamais lu le premier et vu seulement le second au cinéma. »

« Pour eux, l’argent c’est le diable ! »

Les Correspondances ne sont-elles qu’un feu de paille éphémère piloté depuis Paris ? « Plus les années passent, plus l’événement s’ancre dans la ville, explique Olivier Chaudenson, directeur – parisien ! – du festival. Mes critères de programmation sont artistiques et non géographiques. Mais l’événement perdrait son âme hors de Manosque. » Salariée par les Correspondances pour développer des activités permanentes, Guillemette Klépal s’y emploie avec conviction « sans prétendre pouvoir impulser à nous seuls la vie culturelle »…. D’autres rendez-vous, à l’instar des Rencontres du cinéma en février, mettent un peu de mouvement dans la ville.

Rien n’y fait. Forcalquier apparaît toujours plus dynamique. « A Manosque, le côté institutionnel, les budgets, à Forcalquier le côté aventurier, souligne « Riton », co-fondateur de la Compagnie Tout Samba’l et de la Cimenterie, lieu de recherche, de création et carrefour convivial. Avec l’apport des néo-ruraux, parfois marginaux, parfois très pointus culturellement, Forcalquier ressemble un peu à un village d’irréductibles qui dégage une sorte de magnétisme. »

Ce dont se réjouit Christophe Castaner en la jouant modeste. « Le maire de Manosque investit bien plus que moi d’argent dans la culture mais il y a plus d’animation à Forcalquier. C’est moins dû à ma politique qu’à une atmosphère liée aux gens qui vivent ici. » La communauté de communes de Forcalquier s’est toutefois positionnée autour d’un « pôle d’excellence rurale du livre et de l’écriture ». En septembre, un « hôtel d’entreprise » sera inauguré destiné à une quinzaine d’éditeurs. Un hôtel qui fait lui aussi débattre !

« Avec Editer en Haute Provence, nous sommes à l’origine de ce projet, raconte François Bouchardeau, président de l’association Rentrée nouvelles. Christophe Castaner a l’intelligence de s’appuyer sur nous pour définir une politique culturelle. Mais dans quelle mesure nous utilise-t-il pour promouvoir du tourisme culturel ? Nous défendions une maison des métiers et du livre, un lieu de vie et d’accueil. Et nous voilà avec un hôtel d’entreprise… »

« Pour eux, l’argent c’est le diable, s’amuse Christophe Castaner. Mais mon objectif c’est de créer de l’activité ! » Un discours économique finalement proche de celui du maire de Manosque. Bernard Jeanmet : « C’est logique que Forcalquier multiplie les activités culturelles de petite dimension. Et c’est normal que Manosque investisse sur un gros business comme les Correspondances ! »

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