Vive la politique !

octobre 2006

Les jeux sont faits. Officiellement, les socialistes ne désigneront leur candidat aux élections présidentielles que le 16 novembre. Mieux encore : l’UMP attendra début janvier pour introniser son poulain. Pourtant, dans les rangs des deux grandes formations, le suspens n’est désormais que de façade. Pour preuve le positionnement des leaders politiques de la région. À droite, tous les anciens grands amis de Jacques Chirac, à l’image d’un Renaud Muselier, le secrétaire départemental des Bouches-du-Rhône, roulent désormais ouvertement pour Nicolas Sarkozy. Le RPR n’a jamais été un modèle de démocratie. L’UMP a hérité du parti gaulliste une forte culture du plébiscite et de l’homme providentiel dont bénéficie pleinement le ministre de l’intérieur. La continuité dans le changement en quelque sorte… Au parti socialiste, la multiplicité des prétendants contraste avec la quasi-unanimité des dirigeants en Paca. À l’exception de la fédération du Vaucluse, restée fidèle à Strauss-Kahn, et de quelques personnalités isolées, tous ne jurent plus que par Ségolène Royal.

Pour eux, c’est elle. Certains ralliements laissent songeurs. Celui de Michel Vauzelle par exemple. Le président du Conseil régional s’est fait le porte-parole des thématiques alter mondialistes et le héraut de tous les mouvements sociaux. Admire-t-il comme « Ségolène », l’action de Tony Blair en matière de sécurité et de flexibilité ? Le soutien de Jean-Noël Guérini, le président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, au « nom du devoir de vaincre » étonne moins chez un homme dont le principal credo est le pragmatisme. Une ligne de conduite qui l’a incité à prendre publiquement ses distances avec Lionel Jospin, son « candidat de c?ur », avant même que l’ancien Premier ministre ne renonce à mener la bataille. C’est que les sondages sont sans équivoques : seule la présidente de Poitou-Charentes aurait les faveurs de « l’opinion ». Et seule une victoire de leur camp aux présidentielles peut permettre à nos députés de gagner les législatives.

Décomposition, recomposition. Le PS et l’UMP n’ont pas l’apanage des conflits de personnes, des querelles d’appareils et des contradictions… Personne ne manque à l’appel : les haines mal dissimulées dans les rangs de l’extrême droite parmi les prétendants à la succession de Jean-Marie Le Pen ; la culture de la division et la passion de l’émiettement chez les écologistes ; l’incapacité des communistes, des trotskystes et de « l’alter gauche » à fédérer leurs forces pour faire entendre leur différence ; le grand écart des « centristes » de l’UDF radicalisés dans leurs discours et toujours alignés dans leurs pratiques sur la droite … Tout cela sent la fin d’une époque. Mais comme la nature à horreur du vide, c’est aussi le début d’un nouveau cycle. Sous l’écume des ambitions et des joutes tacticiennes, demeurent de vraies questions. Faut-il déréglementer tout ce qui freine l’initiative dans ce pays pour libérer les énergies ? Est-il nécessaire, à l’inverse, de réguler le marché pour garantir que « liberté, égalité, fraternité » ne reste pas une devise ? Comment créer de la richesse, la partager, tout en préservant l’environnement, notre bien commun ? De quelle façon donner du sens au vivre ensemble ? La politique est morte. Vive la politique ! le Ravi

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