« On peut rêver. Il faut rêver. »

novembre 2021 | PAR Dominique Manotti
Dominique Manotti, plume acérée du polar francophone, commente les deux Unes des numéros du Ravi publiés pendant le premier confinement.

Dominique Manotti

Écrivaine

le Ravi n°183, avril 2020 Deux numéros pour un premier confinement ! Le 183 est le seul, en dix-huit ans d’histoire, qui n’aura pas été imprimé mais diffusé en ligne sur un site qui – coup de chance – venait juste d’être lancé. L’État décrète ce qui est « essentiel » et le Ravi ne baisse pas les bras.

« Image saisissante de ce que fut le confinement. Du temps pour lire, écrire, bavarder en famille ?… Pas du tout. Les uns les autres, entassés, se croisent sans cesse dans le couloir, la salle de bains, les toilettes. L’appartement rétrécit de jour en jour. Plus de repas en commun, chacun grignote à son rythme dans la cuisine où s’entassent vaisselle sale et trognons de pomme. Dans le placard à balais, un ordinateur portable en équilibre sur l’aspirateur. Au bout d’une semaine, impression d’être devenus des pièces distordues qui prennent en bloc, dans le bruit et la couleur, dans une intense compression de César. »

le Ravi n°184, mai 2020

« Autre ambiance, sous le masque d’une République bien amochée, des cris de colère commencent à se faire entendre, encore timides, dans des teintes grises, neutres. Ils coulent, débordent hors du masque, se rejoignent, fusionnent dans un seul grand hurlement, sûr de lui. Rien ne sera plus jamais comme avant… Peut être. On peut rêver. Il faut rêver. »

Pour fêter le 18e anniversaire du Ravi, de grands témoins commentent des Unes marquantes ou des rubriques emblématiques dans le 200e numéro du régional pas pareil qui ne baisse jamais les bras…