Le palmarès 2020 des villes à fuir

décembre 2019 | PAR Jean-François Poupelin, Pierre Falga
Pour la 5ème édition de son classement des villes à fuir de Provence-Alpes-Côte-d’Azur, le Ravi a testé 40 communes. Et introduit un nouveau marqueur, l'écologie. Tout ce qu'il faut savoir des 40 meilleures des pires...

A l’approche des municipales, le Ravi fait œuvre de salubrité publique : le mensuel de satire et d’enquête qui ne baisse jamais les bras sort une nouvelle édition de son palmarès des villes à fuir de Paca. A destination des candidats comme des électeurs, ce classement pas pareil s’amuse, rappelons-le, à détourner le genre tout en s’appuyant sur des indicateurs objectifs et des données autant officielles que publiques et indiscutables (voir notre article avec les résultats et le mode d’emploi pour les décrypter). Une farce d’autant plus sérieuse que cette année nous avons reçu le concours d’un expert, Pierre Falga, ancien responsable des palmarès de L’Express. Excusez.

Peu de changements

Preuve de la solidité des nôtres, malgré des variables renouvelées cette année à plus de 50 %, les tendances des éditions précédentes sont confortées. S’il y a bien quelques progressions fulgurantes – Toulon qui passe de la 31e à la 7e place ou Arles de la 39e à la 8e -, comme en 2014 ce sont Briançon et les petites villes des Alpes du sud qui s’imposent comme les villes les moins à fuir de la région. Elles sont cinq dans les dix dernières. A l’opposé, ce sont encore les communes du littoral qui squattent les premières places, avec une mention toute spéciale pour le Var qui en place cinq dans les dix premières. Dernière preuve de la continuité de notre travail : les cancres n’ont pas changé.

Les cancres se retrouvent

Souvent placée, Six-Fours-les-Plages coiffe ainsi sur le poteau deux anciennes lauréates, Fréjus (primée en 2011 et 2012) et Allauch (vainqueur en 2014). Malgré de très décevantes 27e places en « Egalité » et 19e place en « Joie de vivre », la cité balnéaire de l’ouest et ses 33 000 habitants sont sur le podium en « Fraternité » et « Choucroute » (3e à chaque fois) et obtiennent une très honorable 6e place en « Liberté ». Ses 8,3 % de logements sociaux, comme ses 37,4 % de plus de 60 ans ou encore les 25 années de mandats de Jean-Sébastien Vialatte, le maire RPP, puis UMP et enfin LR depuis 1995, y sont pour beaucoup.

Miracle à Marseille

Mais cette 5e édition propose une vraie nouveauté : l’introduction d’une catégorie inédite, l’écologie. Le résultat est étonnant. Contre toute attente, c’est Marseille qui se classe bonne dernière dans notre catégorie « Joie de vivre ». Donc, la moins pire ! Un miracle pour le pieu Jean-Claude Gaudin et la métropole la plus polluée de France, selon le classement de Réseau Action Climat (RAC), Greenpeace et l’Unicef publié le 11 décembre dernier !

Mais un miracle facilement explicable. Alors que la seconde ville suffoque sous le fioul lourd des navires de croisière et que le tout voiture y reste l’horizon indépassable des politiques de transports. Son utilisation a quand même baissé entre 2013 et 2018 dans les trajets domicile-travail et seuls 18 % des ménages en possèdent deux ou plus. Autre prodige, à Aix-en-Provence cette fois. Maire et présidente de l’agglomération, la LR Maryse Joissains excelle en parité tout en cumulant les contre-exploits (19 ans de mandat, népotisme et condamnation pour détournements de fonds publics et prise illégale d’intérêt) !

Des petits défauts assumés

Notre palmarès a donc des défauts. Le premier est même originel : avoir voulu comparer 40 villes qui n’ont pas grand-chose de comparable. Quoi de commun entre Sisteron et Marseille ? Entre Nice et Embrun ? Pas grand chose. Sauf que tous les ans, des dizaines d’Embrunais et de Sisteronnais « montent » à la métropole et que des centaines de Marseillais et de Niçois quittent leurs villes pour l’arrière-pays. Les villes de la région sont inextricablement liées entre elles et cela suffit à nous convaincre qu’on peut se permettre de les comparer.

Autre écueil, les données statistiques homogènes et fiables manquent, comme sur la qualité de l’air. La pollution est mesurée dans les agglomérations de plus de 50 000 habitants, pas dans les plus petites. L’air est sans aucun doute plus respirable à Briançon et à Sisteron qu’à Marseille mais pas moyen de le savoir précisément puisque la Haute Provence n’est pas équipée en capteurs.

Nous assumons complètement ces défauts : ce sont ceux du genre. Notre Palmarès des villes à fuir de Paca s’appuie sur des données imparfaites (même quand elles émanent de la très sérieuse Insee). Il est objectivement subjectif et ne fait, comme tout classement, que refléter les idées (explicites ou non) de ses concepteurs. Par exemple qu’une ville est plus agréable à vivre quand elle pratique le vivre ensemble, quand elle fait confiance à ses citoyens, quand les services publics et les accès à la culture y sont plus développés.

 

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