Le PS déclare les primaires ouvertes
Harlem Désir, le premier secrétaire du Parti socialiste, a réuni au siège national, le 12 septembre, la fine fleur du PS 13 pour discuter des primaires « ouvertes » aux élections municipales en 2014. Etaient présents le 1er fédéral des Bouches-du-Rhône et candidat sur Aix-en-Provence, Jean-David Ciot, ainsi que les prétendants déclarés à Marseille : Samia Ghali, sénatrice-maire des quartiers Nord, et Eugène Caselli, président de l’agglomération marseillaise (1). Mais aussi les « pas encore mais presque » comme Patrick Mennucci, député-maire du centre-ville. Quand à Marie-Arlette Carlotti, ministre en charge des handicapés, elle a décliné l’invitation. « Si elles se passent mal, les primaires peuvent nous faire perdre la mairie de Marseille », a-t-elle déclaré, fin janvier à 20 Minutes, redoutant que le dispositif ne favorise Jean-Noël Guérini. Et puis il y aussi le postulant qu’on n’a pas invité, le député Henry Jibrayel : « On en a fait un foin de cette réunion, je l’ai apprise la veille. Ils ont préféré recevoir Mennucci pas Jibrayel, c’est pas grave ! » Il a été intégré, après coup, au groupe de réflexion…
Entrisme de droite ?
Le Think tank Terra Nova et son feu fondateur Olivier Ferrand, député PS des Bouches-du-Rhône, après avoir imaginé les primaires pour la présidentielle, en défend désormais le principe aux élections locales. « A Avignon, 8000 personnes se sont déplacées pour les primaires à la présidentielle alors qu’il n’y a que 300 militants socialistes dans le Vaucluse !, souligne Jean-François Césarini, de Terra Nova 84. En les ouvrants à tous les sympathisants, ça permet au peuple de gauche de choisir. Et c’est le sens de la démocratie que d’élargir la base électorale. »
A Avignon justement, les primaires séduisent Christine Lagrange, conseillère régionale et candidate déclarée, « pour faire émerger des personnalités qui ne sont pas adoubées par le système » (le Ravi, septembre 2012). Mais elles n’enthousiasment pas Cécile Helle, vice-présidente à la Région elle aussi candidate déclarée, ainsi que la députée du Vaucluse Michèle Fournier-Armand, qui n’a pas encore officialisé ses intentions. « Le risque existe que des militants de droite décident de voter aux primaires pour choisir eux-mêmes le candidat PS », redoute cette dernière. Jean-François Césarini, proche de Paul Hermelin, conseiller municipal qui pourrait postuler aux primaires avignonnaises, se veut rassurant : « On a vu des urnes qui se perdent à Aix, ou des votes dans des coffres de voiture à Avignon, mais c’était dans des sections fermées où il y avait peu de gens. On ne peut pas imaginer plus de magouilles dans les primaires qu’il n’y en a eu dans nos partis ! Mais il est quasiment impossible de tricher quand la masse est énorme. »
Vraiment ouvertes ?
Au PS 13, certains voient dans les primaires une occasion de faire table rase du passé : « Ça fait dix ans que je me dis favorable à des primaires et d’autant plus sur Marseille où le parti socialiste doit enfin se libérer du guérinisme », précise Patrick Mennucci. Une pré-élection qui offrirait une légitimité à celui qui représentera une gauche unie face à des municipalités de droite bien ancrées. En attendant, l’heure est à la division. Le groupe socialiste d’opposition à la mairie de Marseille a demandé à Mennucci de renoncer à la présidence qu’il occupait depuis 2008, l’accusant de jouer perso ! Parmi les frondeurs : Samia Ghali et Eugène Caselli, futurs adversaires du député. A Aix, où il n’y a pas non plus de leader incontesté, la conseillère régionale PS Gaëlle Lenfant, candidate non déclarée, estime qu’une primaire est « la méthode la plus à même de construire une dynamique et d’éviter les dissidences ». Dans sa ville, les candidats potentiels sont légions : André Guinde, Jacques Agopian, Jacky Lecuivre, Edouard Baldo…
Partout, la liste risque de s’allonger si les primaires s’élargissent aux candidats de la gauche plurielle. Le Modem avec François-Xavier De Peretti, à Aix, et Jean-Luc Bennahmias, à Marseille, est déjà dans les starting-blocks. « Notre existence politique sur les deux villes est légitimée, indique ce dernier. Ouvrir les primaires, permet d’envisager des points de vue différents. » Certains comme Jibrayel, préfèreraient rester « entre socialistes ». Au PCF, pour l’instant pas question d’y participer. « C’est de la fausse bonne démocratie. Nous on travaille sur un projet et pas sur un candidat providentiel », indique Jean-Marc Coppola, conseiller régional Front de Gauche. Côté PS, une charte de bonne conduite gérée par une haute autorité indépendante devrait voir le jour sous peu, histoire d’éviter les débordements verbaux. Sage précaution…
Samantha Rouchard