Le retour de la République libre du Frioul

mai 2012
Alors que la France vient de se choisi un nouveau président de la République, certains se prennent pour Astérix face aux Romains en faisant renaître la République libre du Frioul, au large de Marseille, et annoncent un premier rendez-vous les 16 et 17 juin. Rencontre avec Jean José Ville, ministre des affaires étranges.

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Finalement, il va peut-être vraiment se passer quelque chose à Marseille en 2013. Après Marseille-Provence 2013, après le OFF, après l’alter OFF, après le OUT du comptoir de la Victorine, ou encore le Fric (Front des réfractaires à l’Intoxication culturelle qui poste uniquement des vidéos sur internet), voici que débarque du large de Marseille la Nouvelle République Libre du Frioul. Soit la renaissance du projet initié au début des années 90 par Jean-Claude Mayo, artiste marseillais d’origine Malgache qui avait acheté le fort de Brégantin et s’était pris de passion pour les trois îles du Frioul, situées à 15 minutes de bateau du Vieux-Port.

« A l’époque, c’était une bande d’artistes totalement libertaires qui voulaient mettre en place une constitution, mais surtout pas d’appareil exécutif, se souvient Sylvanie Santerre, l’une des rares participantes à cette aventure qui habite encore l’île. On était tous des ministres et on avait des ambassades un peu partout en France. Nous recevions plein de people qui voulaient en être. On les mettait sur notre monnaie. C’était la folie. » Au plus fort de son expérience, la République Libre du Frioul compte plus de 450 ministres et autant d’ambassades. « Tout s’est arrêté quand Jean-Claude Mayo est reparti à Madagascar, se souvient Sylvanie. Comme quoi, la République n’était pas aussi démocratique que cela ! »

Au cours des années 2000, le Frioul s’est à nouveau endormi. Les nuits de l’hôpital Caroline ont été arrêtées, la greffe avec le festival Marsatac n’a pas pris, seul le festival MIMI continue de proposer une programmation de 4 soirées chaque été. « Nous souffrions également des mauvaises relations avec le gestionnaire des navettes, se souvient Jean-José Ville, propriétaire du Cabanon, un magasin de souvenirs sur le port. Si on rajoute les interdictions de plus en plus sévères liées à l’espace naturel et notamment à la protection du Gecko et du Puffin Cendré, et une population qui s’installe ici surtout pour le calme, on était sur le point de transformer le Frioul en sanctuaire. » C’est cette perspective et quelques apéros bien arrosés qui l’ont amené avec Philippe Deloues, Gilbert Donzel et Michel Pierreverte à relancer la République Libre du Frioul. « C’est la seule chose qui soit arrivée de bien à l’île ces 20 dernières années, résume Michel Pierreverte, nommé ministre des pots-de-vin. Nous souhaitons nous inscrire dans leur pas, avec un réseau d’ambassades, des ministres, une monnaie locale. Nous voulons surtout refaire vivre le Frioul en organisant des événements. » Leur projet : aménager l’ancien garage à bateau, un immense bloc de béton de 4000 m2 sur 15 mètres de hauteur en résidence d’artistes, salle d’expo et de concert. 

Pour lancer cette opération, l’équipe compte sur la dynamique de 2013. Pour ce faire, les ministres ont préféré se rapprocher du Off de Marseille 2013 que de la structure officielle. « Ils sont venus nous voir en janvier, quand le gel paralysait la ville. On s’est réchauffé en buvant un alcool de romarin. Ça crée des liens. » Le Frioul pourrait ainsi accueillir en juin 2013 le tétrodon, un container customisé dans lequel prendrait place un masterplan de la ville de Marseille revisitée par les artistes du Off. D’ici là, les ministres ont voté l’organisation d’une première manifestation les 16 et 17 juin. « Ce sera un week-end intense avec une sieste géante en hommage à Jean Pierre Yves (artiste décédé l’année dernière qui avait lancé la capitale de rien). Nous organiserons également un mariage Républicain du Frioul (va falloir adapter le code civil !), deux concerts de blues et rock, l’inauguration de la place de la République du Frioul ainsi qu’une œuvre offerte par un sculpteur marseillais et la présentation de nos institutions et ambassades. »

Stéphane Sarpaux

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