MP 2013, que va-t-il rester aux artistes ?

janvier 2012
Alors que les salaires des trois plus hauts cadres de Marseille-Provence 2013 ont été augmentés de 17 % entre 2008 et 2010, les artistes découvrent ce qui va leur rester quand tout le monde se sera servi…

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La lecture des comptes de l’association Marseille-Provence 2013 sur le site du Journal officiel entre 2007 et 2010 présente des informations intéressantes. Ainsi, les fonds publics (77 millions d’euros soit 84 % du budget au final) sont versés par tranche chaque année sans problème. En 2010, sur les 7 millions attribués, 5 ont été mis de côté. Le reste a été majoritairement dépensé pour les frais de fonctionnement de l’association, qui vient d’atteindre 51 équivalents temps plein, dont 45 CDI. Près d’un million d’euros ont été provisionnés pour les licenciements économiques de l’équipe en 2014, un choix assumé par Jacques Pfister. « Si on avait proposé des CDD, cela nous serait revenu plus cher », affirme le président de la chambre de commerce et d’industrie et de Marseille-Provence 2013. Quant aux salaires des cadres, dont les trois plus importants ont connu une augmentation de 17 % entre 2008 et 2010 (1), Jacques Pfister assure que « c’est le prix pour avoir les meilleurs ».

Au final, si l’on y intègre le marketing et la communication, le fonctionnement de Marseille-Provence 2013 captera 30 % du budget total (91 millions d’euros) contre 20 % à Lille 2004. Là encore, pour Jacques Pfister, c’est logique. « Et encore, les 30 % ne sont pas assez. Sur le mécénat, je souhaite que nous dépassions notre objectif actuel de 14,7 millions d’euros. Ne serait-ce que pour pousser la communication sur le plan international. »

« J’ai essayé de combattre des dérives de l’association. »

Un train de vie (iPhone de service pour les salariés, entre autres exemples) qui a conduit Jean-François Bigay (2), trésorier de l’association, à la démission en septembre 2010. « J’ai essayé de combattre ce que je considérais comme des dérives de l’association, explique-t-il. Les salaires importants des cadres et des directeurs ne pouvaient se justifier qu’à condition que l’équipe travaille de concert avec les acteurs culturels. Or, ils se comportaient comme des censeurs. De fait, ce sont les plus grosses structures qui vont capter la plus grosse partie du financement de la Capitale. »

Car Marseille-Provence 2013 n’est pas la seule à se nourrir sur la bête. Les structures culturelles qui ont déposé des dossiers ont intégré leurs frais de fonctionnement dans les projets. « En général, une structure culturelle utilise 20 % d’un budget artistique pour son fonctionnement, ce qui se justifie car elle s’occupe de la recherche de financement, des questions réglementaires administratives, de la logistique, de la communication et des cachets », explique Christophe Gantelmi, artiste sonore. Un mécanisme confirmé par Marie Leduc, de Nouvelles Donnes production, qui gère la résidence, à l’hôpital de la Timone, de la photographe Yanima Fahir, dans le cadre des ateliers de la Méditerranée : « Nous prenons 20 % du budget pour sa gestion. Sur ce qui reste, l’artiste touchera un tiers en salaires et deux tiers en présentant les factures liées à sa prestation. » Voilà donc l’artiste qui se retrouve avec 17 % du montant initial. « Et encore, précise Christophe Gantelmi, sur ce montant, 60 % va dans la caisse des intermittents du spectacle. Ce qui ne laisse au final que… 7 %. » À condition, évidemment, d’être retenu.

Stéphane Sarpaux

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