Qui perd gagne

juillet 2020 | PAR le Ravi

Soyons clairs : la victoire de l’écologiste Michèle Rubirola, à la tête du Printemps marseillais, brinquebalant attelage unissant la gauche, les écologistes et des citoyens sans étiquette, est incontestable. Elle a obtenu 10 % d’avance sur Martine Vassal, l’héritière LR de Jean-Claude Gaudin. Une victoire nette. Un séisme. Le profil de la première femme maire de la seconde ville de France est atypique. Rubirola, non professionnelle de la politique, ne cumulant pas les mandats, préfère dire « nous » que « je ». Elle a accepté à reculons de jouer le premier rôle dans une aventure collective. Certains redoutent, ou d’autres espèrent, que la maire restera un second couteau. Rien n’est moins sûr.

Soyons lucides : souvent qui perd gagne, comme Samia Ghali (ex-PS) avec ses casseroles jouant les arbitres lors du 3ème tour. Et car une élection en cache parfois une autre. Martine Vassal, toujours présidente du très riche département des Bouches-du-Rhône, a été confortablement reconduite à la tête de la Métropole avec le soutien de Maryse Joissains, la Balkany provençale d’Aix-en-Provence. Hors la capitale régionale, dans le « 13 » comme en Paca, LR est l’incontestable vainqueur des municipales.

Mais il y a plus. Les électeurs ont déserté un scrutin autrefois mobilisateur. Avec une béante fracture sociologique : l’abstention massive, parfois jusqu’à 90 %, dans les quartiers populaires. Qui n’a pas, cette fois-ci, profité à l’extrême droite. A Marseille, il n’y aura pas de printemps, ni d’été, sans replacer au cœur des enjeux celles et ceux qui en sont plus que jamais exclus.