Le D’oc, un média bien à part !
Les affres de la politique montpelliéraine feraient presque passer les turpitudes marseillaises pour d’aimables forfanteries. Les municipales n’ont pas dérogé à la règle. Avec, parmi les protagonistes, un média « pas pareil », Le D’oc qui, jusqu’à peu, avait encore le soutien de Mediapart. Son fondateur, Benjamin Téoule (un ancien de L’Express, du Point…), a longtemps fait partie des « bons clients » du site d’info. En 2019, il est même au « festival » de Mediapart, aux côtés du Ravi, de Marsactu et de Mediacités.
Mais, depuis mars, Le D’Oc n’est plus actif. Ce que confirme une ancienne : « Le D’oc n’est plus. C’est triste pour le pluralisme. Et je n’imaginais pas que ça allait finir comme ça. Un vrai gâchis. A plus d’un titre. » L’histoire, c’est L’Agglorieuse qui la révèle en février, une information reprise, entre autres, par Le Figaro. Lors des dernières municipales, le fondateur du D’Oc, Benjamin Téoule s’est retrouvé, enregistrement à l’appui, en train de s’entendre avec un élu RN pour tenter de faire tomber le directeur de campagne de la candidate EELV !
En janvier 2020, Clothilde Ollier, candidate EELV, se voit retirer son investiture par le parti. Elle est pourtant en tête des enquêtes d’opinion. Mais, le sondage qui devait sortir dans Le Midi Libre « fuite » dans d’autres médias et sur les réseaux sociaux, notamment le compte d’une figure de l’extrême droite, Djamel Boumaaz.
Le directeur de campagne de Clothilde Ollier, le prof de sciences politiques Jean-Yves Dormagen, rencontre ce dernier pour savoir d’où vient la fuite. D’après L’Agglorieuse, la conversation se serait envenimée et, le frontiste, en découvrant qu’il est enregistré à son insu, aurait dérobé le portable du prof d’université ! Et de faire le tour de Montpellier et de ses contacts pour savoir quoi faire. Sans se rendre compte que l’enregistrement continue de tourner !
Parmi les personnes que Boumaaz contacte, le journaliste du D’Oc Benjamin Téoule. Qui, enregistrement à l’appui, pour « tuer définitivement » Dormagen, propose à la figure d’extrême droite de faire état de cette rencontre entre le directeur de campagne d’une candidate écolo et un frontiste « sulfureux ». Et de lâcher : « Bon, on monte ça. Écoute. Tu lui rends son tel machin et mardi, j’ouvre les brèves avec ça. » Et d’ajouter : « Ça roule ? On les tue. »
Dont acte. Il publiera une brève faisant état de la rencontre, insinuant qu’une place aurait été proposée au frontiste sur la liste de l’ex-écolo… Les mois passent et l’enregistrement surgit. Dans le sillage de L’Agglorieuse, Le Figaro, lui, indique que si Mediapart maintient sa confiance envers le journaliste qui aurait reconnu avoir fait une « connerie », celui-ci pourrait être embauché par la mairie ! Fin février, sur Facebook, sans revenir sur l’affaire, Benjamin Téoule confirme qu’il va devenir « collaborateur de cabinet en charge du sport ». En tête, le mot d’ordre du youtuber montpelliérain et candidat iconoclaste Rémy Gaillard : « C’est en faisant n’importe quoi qu’on devient n’importe qui ! »
1. Si Benjamin Téoule a accepté de répondre au Ravi, il n’a pas souhaité être cité.