La ligne rouge

février 2022 | PAR Sébastien Boistel
Comment un journal financé par une ville peut informer sur son maire ? Exemple à Martigues.

« Qui paye l’orchestre choisit la musique » : un adage illustré par l’actualité martégale ? Interrogé l’été dernier sur la gestion de la Semivim, l’organisme HLM qu’il préside, le maire PC Gaby Charroux a refusé de répondre au Ravi et à Blast, maniant, face aux premiers articles,  la menace et l’insulte. En exigeant des « faits et des preuves », comme titre Maritima pour qui c’est une « pseudo-affaire ». On connaît la suite : perquisitions, gardes à vue, mises en examen, détention provisoire… L’élu a changé de discours. Mais pas de canaux. Il « s’explique » sur Maritima. Dit son son « écœurement », sa « colère » à La Marseillaise. Mais qu’il est « serein » dans le journal municipal.

Des médias proches de l’édile. Il est président du conseil d’administration de Maritima qui, non seulement, édite le bulletin martégal mais est aussi investi au sein du quotidien communiste. Jusqu’à peu, Thierry Debard,  directeur de Maritima était aussi président de La Marseillaise.

« Notre investissement est modeste dans La Marseillaise », corrige celui qui doit plus que jamais se concentrer sur Maritima. Car « on a perdu 500 000 euros en 2020. A cause du Covid, du retrait de la Métropole… » Et ce malgré un prêt garanti par l’État d’un demi-million. D’où une augmentation de capital par la ville de plus de 250 000 euros, le maire n’excluant pas de supprimer la fréquence marseillaise ou de se retirer de la radio arlésienne 3DFM.

Soupir de Debard : « Pour moi, quitter Marseille serait une erreur. Mais le patron, c’est le maire. » Tout en assurant qu’il n’ « intervient jamais sur l’éditorial ». Nuance d’un journaliste : « On connaît les limites. Pas question de se mettre à dos notre patron. Mais ça me va de faire de l’info de proximité plutôt positive. »

Lorsque Maritima avait repêché La Marseillaise, Debard avait clamé : « Nous ne sommes ni la radio du PC ni de la CGT mais nous avons une sensibilité humaniste. » Alors on l’interroge sur la Semivim : « On est prudent. Mais, suite aux perquisitions, on a traité le sujet. Et interrogé le maire sans le ménager. » Reste que Debard connait bien le dossier. Outre que Maritima est « partenaire » de l’office, une de ses proches y travaille : « Mais ça, je ne veux pas en parler. »

Y aurait-il des sujets tabous ? Comme cette famille, qui, à la rue, a « osé », avec l’aide de militants, squatter un logement de la Semivim. Une affaire évoquée par La Marseillaise. Mais sur laquelle Charroux a refusé de s’exprimer ! Un maire PC qui refuse de répondre à un journal communiste : ça doit être la ligne rouge…

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