Succès et déboires en 2021

juin 2022 | PAR Jean-François Poupelin
Lâchée par les collectivités locales, la Tchatche a fini l’année 2021 déficitaire. Mais derrière cette très mauvaise nouvelle s'en cachent des bonnes dans nos comptes de l’année dernière, comme un autofinancement qui frôle désormais les 80 %. Un exploit pour une association.

60 000 euros, 40 000 euros… Finalement, ce sera 36 000 euros. Comme redouté, la Tchatche a fini l’année 2021 déficitaire. Comme annoncé, cette perte correspond, à quelques milliers d’euros près, à l’absence de soutien des collectivités locales sur cet exercice, une première dans l’histoire de l’association éditrice du Ravi.

Après plusieurs années à souffler le froid puis le chaud, Martine Vassal, la présidente ex LR du conseil départemental des Bouches-du-Rhône, a décidé de nous couper le dernier financement de sa collectivité au titre d’une aide aux médias associatifs : entre 18 000 et 20 000 euros, selon les années. Un financement auquel ont toujours droit Radio JM, la radio juive de Marseille (45 000 euros en 2021), RCF, la radio catholique de la seconde ville de France (24 000 euros en 2022) ou encore nos partenaires de Radio Grenouille (38 000 euros en 2022). Après avoir promis un soutien de 10 000 à 12 000 euros à nos actions d’éducation aux médias, Benoît Payan et sa nouvelle majorité du Printemps marseillais à la ville de Marseille, ont finalement rétropédalé dans la dernière ligne droite, en novembre (1). Du côté du Conseil régional, c’est plus simple : depuis que Renaud Muselier dirige cette institution, nos demandes de soutien ont systématiquement été repoussées.

78 % d’autofinancement !

Résultat, nos dernières aides publiques (48 600 euros), ont été versées par l’État : 21 500 euros d’aides à l’emploi, 20 000 euros au titre du fonds de soutien à l’information sociale et de proximité, 7 100 euros pour la coordination de nos projets de journalisme participatif. Même pas un dixième de ce que touchent La Provence et La Marseillaise en aides directes chaque année…

Malgré ces mauvaises nouvelles qui ont eu raison de notre trésorerie et nous ont obligé à lancer un appel à dons dès le mois de mars, nos comptes 2021 sont positifs à plus d’un titre. Le premier, c’est que nous renforçons notre indépendance avec un autofinancement qui frôle les 80 %, pour atteindre 78 % ! Un véritable exploit pour une association. Le deuxième, c’est que ce résultat est dû à une progression de nos ventes, notamment de nos abonnements (+ 6 % en 2021). Avec 84 000 euros, elles représentent presque un tiers de notre budget de 264 000 euros. La troisième, c’est que cette bonne nouvelle est aussi due à une augmentation des dons et du mécénat (+3 %, à 24 000 euros).

Cet exploit a été réalisé grâce à une forte augmentation de nos actions d’éducation aux médias et à l’information (EMI) – projets de journalisme participatif au long cours dans les quartiers populaires – et de nos prestations sur l’urgence sociale pour des organismes comme la Fondation Abbé Pierre ou la citoyenneté pour la Ligue de l’enseignement. Cette activité nous a rapporté 32 500 euros en 2021, contre 24 500 en 2020. Mais, au même moment, les financements pour des interventions plus ponctuelles d’EMI ont,elles, baissé de 10 000 euros. Nos recettes publicitaires ont baissé dans la même proportion.

Travailler plus pour gagner plus

Le problème c’est que cet accroissement des recettes lié aux ventes du journal et aux actions EMI, s’est fait avec un effectif réduit. Un succès qui  a un coût humain. En janvier 2021, un de nos journalistes est parti vers de nouvelles aventures et nous n’avons pas réussi à le remplacer. Malgré l’apport de pigistes et de prestataires, la petite équipe de désormais 6 salarié.e.s (deux femmes et quatre hommes) a continuellement été en tension. Et la crise budgétaire en ce début d’année 2022 n’a rien arrangé : sous la menace d’une liquidation, nous avons dû renoncer à pérenniser un poste.

Sous dimensionnée et mal payée (2), l’équipe (pigistes compris, soit 6 équivalents temps plein) reste pourtant le premier poste de dépense budgétaire. Soit 64 % du budget total. Pourcentage auquel on rajoute la douzaine de dessinateurs qui participent chaque année à l’aventure, certains depuis le début (3 %), et nos prestataires divers (imprimeur, Poste…) qui nous permettent de fabriquer et diffuser votre journal préféré (13 %). Les 20 % restants sont ventilés entre nos charges de local, nos déplacements, la com ou encore le développement de notre site web.

Seule bonne nouvelle côté charges : depuis novembre dernier, le salaire de base est de 1 750 euros bruts par mois sur 13 mois (2). Cette décision d’égalité salariale a été prise pour mettre fin à une fâcheuse tendance ces dernières années, qui avait vu les différences de rémunérations se multiplier, à la baisse évidemment, pour contenir la masse salariale. Mais la Tchatche est encore loin des grilles de la profession… Comme le disait Pierre Bourdieu à propos de la sociologie, le journalisme indépendant est un sport de combat. Un combat d’abord financier.

1. La ville de Marseille promet de voter un soutien aux actions culturelles de la Tchatche fin juin. Et de consacrer en 2022 des budgets communication au Ravi. A suivre…
2. La plus haute rémunération est de 1 950 euros brut par mois sur 13 mois.

Assemblée générale à l'horizon !

C’est de saison et c’est légalement obligatoire. Le 5 juillet, la Tchatche, l’association qui édite le Ravi, tiendra son assemblée générale annuelle. Le menu sera copieux. Il y a bien entendu la validation des comptes brièvement présentés ci-dessus (le rapport moral), mais également la présentation du rapport d’activité particulièrement chargé : multiplication des projets et interventions d’éducation aux médias comme des prestations, édition de 11 numéros du mensuel vraiment pas pareil de Paca et d’exclusivité web, participation à des débats, partenariats éditoriaux, amélioration de notre site Internet, accueil de stagiaires… Comme raconté plus haut, le travail n’a pas manqué !

Mais il sera aussi question de l’avenir du projet Tchatche. Après un nouvel appel à l’aide – largement entendu – et un début de réflexion de l’équipe, il faudra se projeter très certainement sur un nouveau projet éditorial, un nouveau projet associatif et un nouveau modèle économique. Autant dire qu’on ne va pas s’ennuyer !

J-F. P.

Tous les adhérents de la Tchatche seront convoqués à l’Assemblée générale et peuvent, de droit y participer. Et il est encore temps d’adhérer. Soit en cochant la case « adhésion » dans le bulletin ci-dessous, soit en adhérant en ligne sur une page dédiée Hello Asso.