« Rien n’est sacré. Ni les curés ni les morts ! »

novembre 2021 | PAR Catherine Sinet, Sébastien Boistel
Catherine Sinet, directrice de la rédaction de Siné Mensuel, réagit à notre rubrique "contrôle technique de la démocratie", à la lecture de celui sur les obsèques de Bernard Tapie à Marseille. Et réaffirme l'importance de la satire.

Catherine Sinet

Directrice de la publication de Siné Mensuel

Les contrôles techniques de la démocratie

Comment j’ai réagi au contrôle technique des obsèques de Tapie ? J’ai éclaté de rire parce que j’ai fait la même chose devant ma TV ! Sa fille qui chante avec les supporters, eux qui érigent Tapie au rang de héros… Non mais sérieux ! Tapie ?! C’est représentatif de notre société. Et de Tapie ! Le jour où tout le monde s’insultait sur le plateau de Droit de Réponse à l’occasion de la fin de Charlie Hebdo, il était dans le public. Et il est venu me voir à la fin de l’émission : « Tu diras à l’équipe de pas s’inquiéter. Le journal, je vous le rachète ! » 

Alors oui, la satire, c’est primordial. À commencer par le dessin, le dessin coup de poing, politique. Siné disait : « Un bon dessin, si tu en fais un par an, tu es content. » Ça fait sourire les uns, ça horrifie les autres mais au moins, ça fait réfléchir. Et il y a l’écriture. Les nouveaux à Siné Mensuel, je leur dis de réécrire leurs articles à la sauce Siné : vas-y, lâche ta plume ! Et, pour le coup, rien n’est sacré. Ni les curés (d’autant qu’avec eux, y a de la matière) ni les morts.

Quoi, Tapie était malade ?! C’est pas le premier à lutter contre un cancer. Un type culotté ? Oui. Comme il y a quelques années au ministère des Finances passant de bureau en bureau, la chargée de com’ soupirant : « Il fait quoi ? Ben… comme s’il était chez lui ! » Alors oui, comme l’a dit le Canard, il a encore réussi à partir avec la caisse ! Et la veille de son jugement… Pas de doute qu’il aurait été content de ses obsèques. Et avec des héros comme ça, il ne faut pas s’étonner si on a des mauvaises surprises dans les urnes.

Voilà pourquoi nous, le Ravi, CQFD… on est les vrais contre-pouvoirs. D’ailleurs, pour les candidats à la présidentielle, on est en train de mitonner un programme : un seul mandat, non renouvelable et, une fois élu, un stage intensif de trois mois au smic, pour qu’ils voient ce que c’est. C’est pas parce qu’on est satirique qu’on n’est pas en colère ! »

Pour fêter le 18e anniversaire du Ravi, de grands témoins commentent des Unes marquantes ou des rubriques emblématiques dans le 200e numéro du régional pas pareil qui ne baisse jamais les bras…