Christian Estrosi

décembre 2019 | PAR Sébastien Boistel
le Ravi de plâtre

Débarrassé de son « meilleur ennemi », Éric Ciotti, Christian Estrosi peut tout se permettre. Pourtant, chantait Joe Dassin, « on peut pas à la fois siffler l’apéro et l’opéra ». Mais, quand on est maire sortant, on peut débaptiser la rue de l’Opéra pour lui donner celle de Jacques Médecin. Qu’importe, pour celui qui s’est rêvé « rempart » contre l’extrême droite à la tête de la Région, les accointances de l’ancien maire de Nice avec cette famille politique, sa conception toute particulière de la probité ou sa fuite en Uruguay.

Estrosi a été son adjoint aux sports. Médecin est donc un « grand homme » et il est « fier » de lui « donner la place qui lui revient ». À sa décharge, dixit Nice-matin, il y a un an, la décision avait été prise à l’unanimité, le « bébé Médecin » ayant promis de trouver quelques places pour deux opposants au grand « Jacques ». Mais, alors que Pasqua et Napoléon ont leur rue tandis que Jean Moulin toujours pas, on est en campagne.

Alors, pour le collectif Tous Citoyens ! à l’origine d’une pétition et d’une contre-manifestation, y en a marre de « glorifier la corruption et le clientélisme ». Voilà la rue rebaptisée « rue de la honte » ou « du fuyard ». Pour peu, on se croirait dans le roman de Joann Sfar, le Niçois, où, apprenant que sa ville coule, ce dernier revient, au grand dam du « Pitchoun ». Là, le « motodidacte » est en roue libre. Il aurait presque pu baptiser la rue du nom du héros de Jean Dujardin, « Brice de Nice ». Mais quand on brigue le soutien de la macronie, difficile de glorifier un type habillé tout en jaune…